Une arrivée tant attendue...

**Nico de Brassac** Sam 2 Mai - 15:58

Le départ de Paris s'était fait au petit matin, des jours de cela maintenant. Le Comte avait voulu voyager rapidement afin d'arriver le plus rapidement possible mais c'était sans compter sur les embarras des routes du Royaume. Son coche avait ainsi à plusieurs reprises vu ses essieux se briser dans une ornière particulièrement profonde, quand ce n'était pas les pluies qui avaient ralenti la progression du convoi en rendant les chemins tellement boueux qu'ils en devenaient impraticables.

Pourtant, obstinément, patiemment, lentement, la petite troupe avait couvert peu à peu les lieues qui la séparait encore du Limousin et de celle qui y attendait impatiemment. Les mantelets relevés, le Comte regardait d'un air apaisé le paysage qui se déroulait derrière la fenêtre de sa voiture. Il avait toujours eu le mérite de lui faire oublier la pression, les devoirs de ses charges. Ici, il était chez lui et personne ne pourrait le lui enlever. Il eut un petit soupir à la pensée qu'il n'aurait sûrement pas le temps de se rendre à Turenne : le congé qui lui avait été accordé était trop court pour en gaspiller plusieurs jours à visiter ses fiefs. Il voulait tous les passer en compagnie de a future épouse.

Pourtant, malgré la paix intérieure qui l'envahissait, il ne pouvait s'empêcher de penser que sa vie était désormais à Paris et que le Limousin s'éloignait de lui comme la marée descendante s'éloigne du rivage. Certes, le Comté serait toujours dans son coeur ; il y avait ses racines, ses amis, la majorité de ses fiefs. Pourtant, ses intérêts ne lui étaient pas aussi chers qu'auparavant. Etouffant un soupir, le Comte se concentra sur le paysage, chassant les pensées dérangeantes de son esprit et essayant de se concentrer sur les retrouvailles qui auraient lieu sous peu. Cela faisait désormais plusieurs semaines que les 2 promis ne s'étaient pas vus et il n'avait pas encore mis les pieds dans la demeure qu'elle avait préparée pour eux. Les courriers avaient été nombreux, parfois amers, presque désespérés, mais cela ne suffisait parfois pas. Il avait fallu qu'il demande un congé exceptionnel à ses supérieurs pour entreprendre ce voyage et rassurer celle qui deviendrait un jour prochain sa femme. Par chance, il lui avait été accordé, les choses étant plutôt calmes en ce moment dans la capitale. Une affaire restait bien en suspens, qui lui tenait presque autant à coeur que ce périple, mais rien qu'un courrier ne puisse sceller.

Enfin, le coche comtal et son escorte, suivant les indications de la Comtesse, parvinrent devant les grilles du domaine Brassac-Boësnière.

**Anicet Le Ventru** Sam 2 Mai - 19:21

D'un mur à l'autre, faut un certain nombre de pas, 20 il croit. Non parce que bon il a pas vraiment étudié lui, juste laissé trainer l'oreille pas loin du couvent où qui récitaient leurs leçons ceusses qu'avaient droit à l'instructation... Euh.. L'intrustaction... Nan.. Fin le truc qu'on a quand on a appris.

Donc revenons à nos moutons, ou du moins au pas d'un mur à l'autre, y en a 20. Puis la herse qui lui a un jour frôlé le nez parce que l'abruti à la manoeuvre l'avait pas prévenu et qu'il a faillit y laisser ses arpions. Ah l'avaient tous entendu gueulés dans tout' la bâtisse. Nan mais des fois.

Et là il est de garde, fin doit garder la porte quoi. Mais avant il a vérifié qui qu'est chargé de lever et baisser la herse. Pas l'intention de se faire ratiner l'Anicet.

Pouce gauche dans le ceinturon, la main droite tient fermement la hallebarde.

C'est pas qu'y s'ennuie hein, pour sûr qu'y a du mouvement par là. Ca entre à tout'heure du jour et de la nuit ou presque. Rapport aux comtal's qu'parait. Lui pour ce qu'il s'en cogne de c'truc là. C's'est pour la haute de tou'façon. Point.

D'ailleurs quand on parle du loup on y voit l'coche. Pis une escorte...Aussi.. Et ben c'qu'v'la du beau monde...

Se redresse, faisant saillir la bedaine qui le précéde en tout lieu, il s'met sur le chemin, empêchant le passage. C'est qu'ce coche il connait pas. Pis les hommes là non pu. Alors faut pas croire qu'il va laisser passer comme ça non pu!

Halte là! A propos de quoi t 'est-ce que c'est qu'vou'la d'vant la grille?

**Nico de Brassac** Sam 2 Mai - 19:39

Contre toute attente, alors que le convoi s'apprête à s'engager sous le porche menant à la cour intérieure de la demeure, il s'arrête, trouvant herse baissée et garde bedonnant de faction. Avant même que son écuyer n'ait le temps de dire quoique ce soit, le Comte, un sourcil froncé en signe d'agacement devant le contre-temps, met la tête à la portière et toise le garde ventripotent qui lui interdit le passage. L'imbécile ne reconnaîtrait-il donc pas les armes peintes sur la porte de la voiture, alors qu'elles doivent être disséminées un peu partout dans la bâtisse, accolées à celles de sa maîtresse ? Ces gens du commun sont d'une telle bêtise que c'en serait presque consternant s'ils ne remplissaient pas aussi bien leurs tâches. Et quant à leur façon de s'exprimer...! Etouffant un soupir et se forçant à prendre un ton quelque peu aimable, le Comte se présente, tout en insistant sur son rôle icelieu.

Bien le bonjour, mon brave. Je suis le Comte de Turenne, maître de ces lieux. Ouvre donc la grille et efface-toi que je puisse entrer chez moi et retrouver ma future épouse. Je n'ai pas traversé la moitié du Royaume pour me trouver stoppé à ma propre porte !

**Anicet Le Ventru** Sam 2 Mai - 19:52

Une tête qui s'pointe du coche, un regard qu'il connait vu l'nombre de fois où il y a eu droit. C'pas ça qui va l'effrayer ni l'faire se bouger. On lui a demandé d'garder la porte, c'est c'qu'il fait. Pis en plus on lui a fait répéter les noms d'ceusses qui peuvent entrer. Et c'lui là, ben il a beau chercher, l'est pas prévu. Ben vi répéter, il sait pas lire hein l'Anicet. Faut pas pousser non pu. Pis bon il est du genre têtu.

En plus pas d'sa faut' si l'aut' là s'est jamais pointé dans c'qui dit être sa maison. Parce que ça fait un moment pourtant qu'l'est habitée maintenant. 'Lors l'était où là le Comte de Tufenne.. Rah nan pas c'nom... Tuquenne... Nan pu. Se gratte le front qu'est entrain de se plisser sous l'effort fourni pour s'rappeler le nom.

Y a qu'un mait' des lieux, c'la Comtesse Ewaele. Pis vous êtes pas su'ma liste donc Vot' Seigneurie z'allez attend' là qu'j'me renseigne.

Et hop demi-tour, passage d'une petite porte dissimulée dans un renfoncement du mur, porte vérouillée tandis que Le Ventru est parti chercher des ordres en essayant, vainement était-il besoin de le dire, du nom du Comte. Comte qui n'est pas rendu au vu de l'engin en faction.

**Nico de Brassac** Sam 2 Mai - 20:20

C'est un Comte stupéfait qui voit le gros lard faire demi-tour, après l'avoir planté là, devant la porte toujours fermée et verrouillée. Alors là, celle-là, on ne la lui avait jamais faite !! Pendant quelques instants, il ne sait ni quoi faire, ni quoi dire. Les hommes de son escorte, eux, se lancent des regards goguenards devant l'accueil fait à leur auguste maître dont le caractère hautain et escalabreux n'est plus un secret pour personne. Personne sauf, apparemment, le ventre sur pattes qu'Ewaele a engagé pour garder leur porte. Par chance pour lesdits gardes, le Comte est trop occupé à maîtriser la vague de fureur qui monte en lui pour remarquer leur attitude.

D'un mouvement busque, il se jette au fond de son coche, l'air fermé, la prunelle enfiévrée d'un éclat orageux. Ses mâchoires se crispent machinalement dans un geste de rage difficilement contenue. Etre chez lui et ne pas même pouvoir entrer ! Lui qui a ses entrées dans quasiment toutes les demeures du Royaume, lui qui a ses appartements au Louvre et qui côtoie Sa Majesté régulièrement. Ca en serait presque risible si le manant n'était aussi abêti par sa propre graisse. Serait-il idiot au point de ne pas connaître le nom de ses maîtres ? Certes, la demeure avait été aménagée par la Comtesse Ewaele et non par lui mais le ruffian ne pouvait pas même imaginer qu'il existait d'autres horizons que les frontières limousines et que l'on n'était pas forcément maître de son temps. Quoiqu'il en soit, l'affaire n'en resterait pas là...

Se rongeant les sangs d'impatience et de frustration, le Comte attend donc qu'on veuille bien le laisser pénétrer chez lui. A avoir su qu'un tel accueil l'attendait, il aurait réfléchi à deux fois avant de quitter le confort de sa vie parisienne...

**Anicet Le Ventru** Sam 2 Mai - 20:49

De longues minutes plus tard, la porte se rouvre sur Anicet, ventre toujours en avant, qui vient s'poser devant l'coche, l'air un brin goguenard. Toujours pas tout compris l'gazier sinon s'en mordrait les doigts jusqu'à l'os mais bon... L'a jamais été reconnu pour son intellingence Le Ventru. Pis vu qu'il a jamais su r'donner le bon nom, l'intendante a point compris qui est devant le château. Donc il a pas l'droit de l'laisser entrer.

Alors, l'Comtesse l'est pas séant qu'm'a dit l'Agnés mais à l'source d'eau chaud'. J'vous dis com'ent qu'y aller.

Vous fait' comme qui dirait dem'tour, vous prenez à main droite au premier croisemen', vous faites quoi.... Grattement de front tandis qu'il estime. Fin pas long quoi et vous tomberez d'ssus quoi.

Ah pis s'c'voulez laisser comme qui dirait vo'hommes là.. Z'aurez pu vit' fait à pieds. Parce qu'dan' vot' boit', risquez d'y laisser une roue. Fin c'qu'j'en dis moué...

Ni une ni deux, le garde fait demi-tour et reprend son poste.

**Nico de Brassac** Sam 2 Mai - 22:51

Au fur et à mesure que l'attente se prolonge, le Comte trépigne, ses doigts tapotant impatiemment l'épais velours grenat dont est capitonné l'intérieur de son véhicule. Alors qu'il commence vraiment à s'impatienter un léger grincement lui apprend que le malotru est enfin de retour. Il se précipite à la portière et le voit effectivement de retour, l'air satisfait de lui-même, les pieds bien plantés dans le sol. A l'écouter, l'impatience comtale cède la place à l'ébahissement, puis à la frustration, puis à une colère toute comtale.

D'un geste sec, il ouvre la portière de sa voiture et en descend tel un ouragan. Il regarde bien le garde qui lui interdit donc l'entrant de sa demeure, histoire d'être sûr de se rappeler ses traits en n'importe quelle circonstance. Enfin, il tourne les talons, se faisant suivre d'un geste de la main par son écuyer et prenant ainsi le chemin indiqué par l'animal qui sert de portier à la Comtesse. Un froncement de sourcils gèle les regards entendus des hommes d'escorte qui, plantés là, ne savent trop quelle contenance adopter : ils ne peuvent pas entrer dans la bâtisse et déposer armes et bagages, pas plus qu'ils ne peuvent faire demi-tour pour gagner une auberge. Le Comte ayant disparu de leur vue, ils démontent et commencent à discuter à mi-voix de la situation.

**Agnès** Sam 9 Mai - 10:25

[La cour intérieure du domaine]

Les va et viens dans le domaine se faisait incessant. Les élections comtales, que l’intendante suivait d’une oreille discrète pour informer la maîtresse de maison de toute information la concernant, animait la maison d’une vie et d’une agitation toute relative. Les personnes qu’elle voyait passer, sans à peine la remarquer, avaient tous pour la plupart grise mine et l’air préoccupé. Bien sur nous sortions de l’hiver et les temps étaient rudes mais Agnès voyait bien que la joie de vivre du cocon de la comtesse ne serait pas amené par ces gens là….

Tout gérer n’était pas une mince affaire, alors c’était avec un air un peu circonspect et lasse qu’elle avait accueillit le garde de service quelques temps plus tôt. Il n’avait pas su donner de nom, mieux avait valu ne pas prendre de disposition hâtive….

Elle regardait à présent l’horizon à présent, debout dans la cour d’entrée, le vent faisant grimper sa longue chevelure blonde qui virevoltait à présent devant ses yeux. D’un geste lent, elle remit ses cheveux en place et se concentra de nouveau sur l’environnement…. La situation était délicate. L’invité en question n’étant d’autre que le Comte de Brassac en personne et il fut fort outrageux de le laisser ainsi à la porte de sa demeure. Mais ça, elle n’en pouvait rien savoir… Néanmoins l’air désappointé d’Ewaele l’avait profondément touché plus qu’il ne l’avait gêné. Nul courroux dans sa voix mais plutôt l’émotion d’une femme meurtrit qui demande à ce que sa souffrance trouve quelques apaisements rapidement…

Nul courroux non plus dans sa voix lorsqu’elle s’était adressée à Anicet mais plutôt le ton ferme d’une intendante qui fait son travail… A présent, elle était devant les grilles, attendant que le garde abaisse la manivelle pour pouvoir faire rentrer le personnel du maître de maison et faire poser ses affaires à leur place due. Les mains croisées devant elle, elle resta immobile un moment à respirer l’air frais de la campagne limousine avant de s’approcher des hommes qui avaient mis pied à terre et qui s’étaient tus en entendant le portail s’ouvrir.

D’un geste de la tête, elle salua l’assemblée et chercha du regard celui qui était chargé des biens du Comte mais n’eut pas à le rechercher longtemps puisque c’est tout naturellement qu’il se présenta à elle.

Bien le boujour mademoiselle, êtes-vous la maîtresse de maison ? Le comte que nous accompagnons est parti vous rejoindre seul sur les bords d’une source je crois. Il va certainement revenir… Mais pourrions entrer dans le domaine pour disposer les effets personnels du Comte dans sa suite ? Rester ainsi sur les chemins alors que tant de brigands rodent ne me rassure pas…

L’homme au regard couleur terre observa les environs un moment, laissant un silence… L’intendante était comme paralysée… On l’avait pris pour la Comtesse… Comment était-ce possible ? Sa tenue vestimentaire ne permettait pourtant pas la comparaison. D’une voix douce et slave, et quelque peu gênée, elle répondit à son interlocuteur…

Messire, je me présente, Agnès, l’intendante du domaine chargée d’organiser les effets de la Comtesse et du Comte, maîtres des lieux. Je ne suis nullement la Comtesse en personne mais j’ai des ordres de sa part… Venez, suivez-moi avec vos hommes, je vais vous montrer ou poser toutes ces affaires.

Pas plus de mots ne sortirent de ses lèvres. Elle n’était pas très bavarde, le minimum suffisait souvent amplement surtout avec son emploi de temps. Elle ne lui laissa pas le temps de répondre qu’elle engagea la marche, suivi rapidement par une troupe d’hommes qui s’engouffrèrent à leur tour dans la grande cour…

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