Domaine de la Boësnière
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Carnet de voyage...

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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:31

[Limoges]

Le retour dans la Capitale, attendre les résultats des Comtales, éviter soigneusement certaines personnes, et finir son mandat aussi bien qu’elle le pouvait dans les dédales de sa vie. Elle suffoquait dans cette ville, mais si jamais elle était élue elle remplirait au mieux son poste de conseillère. En attendant peut être serait–il plus simple de s’occuper en imaginant au mieux son futur proche… Et si elle était libre, si elle arrivait à lâcher enfin du leste, à reprendre un peu de liberté et laisser le Limousin et son devenir à eux à ceux qui se croyaient mieux et plus forts, qui se disaient être les têtes pensantes de tout temps et surtout qui hurlaient plus fort que tout le monde arriverait-elle enfin à vivre? Ceux-là même que personne n’osait faire taire de peur de voir s’abattre sur eux le courroux des vieux sans âge, qui à part brailler et fuir en laissant tout le monde se dépatouiller des éclaboussures qu’ils avaient fait, ne savaient rien faire de mieux.

Lassitude quand tu nous tiens. Oh pas lasse du travail et de ses responsabilités mais des despotes. Pas de nouvelles d’un Comte depuis belle lurette à se demander si là aussi il y avait un avenir. Paris, moines ou disparition, elle n’en savait fichtre rien… Etait-ce si dur d’écrire ? Elle haussa les épaules, vidée de tout cela, déjà la mort de son demi-frère l’avait fait partir de la Capitale pour se rendre à Bourganeuf une dizaine de jour à la fin de son mandat pour arranger quelques affaires les concernant. La seule famille de sang à sa connaissance qui lui restait. Elle n’avait rien dit à personne de la missive reçue, mais tout lui pesait ces derniers temps, elle avait besoin de liberté, de respirer de vivre simplement loin des turpitudes de la politique.

Tout était allé très vite en fait, les résultats, les places des conseillers. On lui proposait d’être Capitaine mais elle ne pouvait prendre ce poste. Licorneuse, le cumul des fonctions lui était interdit, à part la démission elle n’avait pas eu le choix. Bref, rendre ses clefs avait été d’une simplicité enfantine, comme si la nouvelle Comtesse n’attendait que cela, comme si cela arrangeait bien les affaires de certains. Pas de rouquine dans les pattes à les faire suer sur telle ou telle choses. Elle avait débarrassé le Château de Limoges, tout ramené dans son hostel particulier, rangé, classé, et sans réfléchir avait sortie une carte du royaume.

Marie devait partir, pourquoi ne pas en profiter? Mais serait-elle seulement prête à temps? Non cela n’avait pas été le cas… Elles étaient parties avec une journée de différence et Ewa avait des obligations sur la route. Déjà elle avait récupéré Gabrielle, la fille de Gaborn, qui avait fait une poussé de fièvre la vieille. Les deux femmes avaient décidé de ne pas la faire voyager dans cet état et, du coup, Ewaële l’avait prise sous son aile et avait fait préparer le coche des Brassac pour la conduire. Mais elles ne furent pas seules pour ce départ un peu précipité. Son escorte bourganiaude, Sieur Balmir, faisait le voyage retour, ainsi que deux autres personnes, la Comtesse Zoléalie et le Sieur Klésiange qui rejoignaient les Flandres et profitaient du groupe pour voyager ensemble.

Dernière soirée à Limoges, dernière soirée dans sa taverne avec quelques amis et connaissances, puis les paroles des autres étaient devenu un brouhahaha, elle avait quitté « Bombarde et Châtaignes », son établissement, précipitamment, évitant de se retourner, évitant de regarder Flaiche, un ami de toujours, pour ne pas douter de ce qu’elle avait décidé de faire… Les rues de Limoges en compagnie de Balmir, quelques pas au clair de lune, pour rejoindre les autres, sa monture, et prendre la direction de Bourganeuf où Breccan, son frère Licorneux, les attendait pour se joindre a eux.

Bizarre les sentiments qui nous habitaient des fois, durs même à expliquer… Mais là, entrain de chevaucher, elle était dans un ailleurs, un monde qu’elle avait déjà dû frôler du bout des doigts, mais oublier depuis fort longtemps… Sentir le vent s’engouffrer dans ses cheveux, sous sa cape de la Licorne, sentir sa peau frissonner à nouveau alors que l’air s’immisçait simplement sous le tissu… Depuis combien de temps n’avait-elle pas eu cette impression? Ces sensations ? Mais qu’était-ce donc ? Avait-elle donc tant oublié de choses à rester cloisonner dans la capitale? Et son cheval galopait devant, escortant un coche avec une enfant et une femme enceinte, laissant aux deux hommes la charge de l’encadrer du moins un temps.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:31

[Bourganeuf]

Le jour se levait à peine quand les remparts de la ville firent leur apparition. Passer le poste de garde avait été aisé, après tout, elle était relativement connue en dépit du fait qu’elle avait quitté la bourgade depuis presque un an…

Passage obligatoire devant un lieu qui lui tenaillait le cœur, sa forge… En ruine! Le plan d'ensemble, bien organisé, en faisait une des plus importantes de la ville, reliée à celle de son compagnon de l’époque, un site favorable à une très forte retenue d'eau. Cette dernière actionnait, à l’époque, des roues à augets et à aubes développées chacune de moult chevaux : des roues pour les soufflets du haut-fourneau double, d’autres pour l'atelier d'affinerie (pour les soufflets, le foyer et le marteau) et d’autres encore allant de pair pour le train d'aplatissoir et taillants de la fenderie.

Retour en arrière Zlly et elle, l’ours comme il se faisait appeler, tant de souvenirs aussi bons que mauvais. Que lui était-il passé par la tête le jour où elle l’avait rejoint? Pourquoi n’avait-elle pas écouté ses amis?Peut être car l’amour l’avait prise en son sein, car elle avait cru… Oui seulement cru car la chute fut dure… Elle balaya ces souvenirs d’un geste de la main alors qu’elle marchait maintenant au pas sur les pavés afin de rejoindre avec ses compagnons, sa demeure qu’elle avait gardé. PsyK s’y était installé un temps. PsyK, son frère, celui qu’elle avait tant et tant recherché, sa moitié… Et ce duel à l’épée sur la place de Limoges, jusqu’au premier sang se souvenait-elle. Oui premier sang, c'était elle qui l’avait fait couler. Juste la pointe de son épée, là, logée dans son dos, alors qu’elle lui faisait la dite botte de son père, de leur père. Et cette tâche de naissance en bas des reins, cette petite dague était apparut là comme par enchantement. Lui, son frère d’armes, qu’elle avait sauvé d’un mauvais pas sur les remparts de Rieux, lui pour qui elle avait reçu cette flèche dans le cou et connu les geôles et bien d’autre choses qui lui avait définitivement enlevé son innocence et une part de ce qu’elle était : une femme…

Décidément Bourganeuf la mettait d’un coup mal à l’aise, trop de souvenirs affluaient… Il fallait qu’elle fasse abstraction de tout cela. Une fois l’installation de l’enfant et la Comtesse dans sa demeure faite, elle s’échappa, laissant ses gens s’occuper du coche des Brassac et des chevaux. Elle partit en direction de la ville avec sieur Balmir pour se rafraichir le gosier et surtout oublier. Oublier tout ça, en souhaitant repartir vite, plus vite qu’elle ne l'aurait voulu en fait. S’installer dans une taverne et au milieu de la discussion, simple mais au combien reposante, elle écrivit une missive à son frère licorneux, afin de lui donner les modalités du voyage à venir et le rendez-vous pour le départ. Décidément elle ne voulait pas s’attarder. Elle avait profité de leur détour par le marché pour passer une grosse commande de pain pour elle et ses compagnons, et avait fait livrer le tout là ou elle avait coulé des jours heureux quand même avec Gri.zzly.

L’heure de prendre du repos était venu, elle avait quitté son escorte pour trouver un coin calme et retiré, s’allonger dans les herbes folles, retirer ses cuissardes, fermer les yeux un instant, s’évader et se dire que le Limousin serait bientôt loin dans son dos… Sans doute reviendrait-elle oui, elle y reviendrait cela ne pouvait être autrement. Ce Comté faisait partie intégrante de ce qu’elle était, il l’avait, à sa façon, construite et façonnée. Le sommeil la gagna, mais il fut agité comme elle aurait pu le prévoir, des visages faisaient leur apparition, des fantômes, ses fantômes. Elle se réveilla en sueur, et avec un gout amer dans la bouche, pâle sans doute. Le soleil commençait sa lente descente revêtant le ciel de couleurs flamboyantes comme ses cheveux.

Elle regagna la maison où tout le monde l’attendait, sauf le sieur Balmir qui, pourtant, avait prévu de venir jusqu'à Guéret. La rouquine attendit un peu, mais ne voulant se mettre en retard et faire poireauter la petite troupe, elle mit un pied à l’étrier et se hissa sur sa monture, coup d’œil à Breccan, hochement de tête sans parole, cela n’était pas nécessaire. Elle prit la tête et tranquillement sortit de la ville avec ses compagnons. Enfin elle retrouvait les grands espaces, quittant Bourganeuf et ses souvenirs entêtants comme un parfum trop longtemps inhalé? Coup de genoux pour accélérer la cadence, elle s’échappa à nouveau, rejointe très vite par le Seigneur de Sarran qui, silencieux, devait comprendre les sentiments éparses qui l’habitaient…
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:32

[Guéret]

Arrivée dans la dernière ville Limousine de leur voyage. Arrivée matinale, Gabrielle dormait encore dans le coche. Ewaele s’arrêta devant une taverne de la ville, tenue par des amis, et alla installer l’enfant dans une chambre afin qu’elle puisse continuer à se reposer. Elle repasserait plus tard. Zakuro la tavernière ne devait pas être loin, la rouquine lui laissa un parchemin sur le comptoir afin qu’elle prit soin de l’enfant tandis qu’elle irait s’occuper de son équidé. Celui-ci devait être pansé et nourri après cette course folle. Il lui fallait également trouver un forgeron pour faire vérifier le fil de son épée, cette dernière n’avait pas servit depuis longtemps et n’ayant plus de forge elle ne pouvait faire le travail. Mais elle préférait éviter d’en avoir besoin en l’état et de déchiqueter son adversaire plutôt que de trancher dans le vif.

La journée était calme, elle alla s’installer dans une chambre voisine alors que Gabrielle, réveillée, se trouvait maintenant à ses côtés en train de déguster un déjeuner frugal préparé par l’ancienne Porte Parole du Limousin. Elle la regarda un temps puis se replongea dans ses écrits. Un dossier à monter, se souvenir, relater, ne rien oublier, essayer de faire cela au mieux. N'était-ce pas son avenir qu’elle préparait ainsi? Oui mais voilà elle manquait d’originalité à son goût, mais être original dans ce qu’elle avait pu faire n’était pas chose aisée. Difficile d'inventer, ses écrits devaient relater ce qui fut et était et non des affabulations sinon elle serait refusée ad vitam aeternam pour le coup.

Mais Gabrielle, alors que la Comtesse posait sa plume, avait décidé qu’il était l’heure de passer à autre chose. Ewa ne savait pas vraiment s'occuper des enfants, elle avait eu un temps s’occuper de son filleul, Arthur, qu’elle porterait toujours dans son cœur. Lui si vif, si réactif, si ironique aussi, et chenapan, la vie lui fut courte et elle regretterait toujours son absence… Les anges devaient être son futur…

Journée qui passait, journée banale comme bien d’autre. La soirée se profilait et déjà il fallait apprêter les bêtes, et le coche. Ewa s’en chargea personnellement et alla rejoindre la taverne où ils s’étaient installés. Ses compagnons s’organisaient individuellement, elle ne s’occupa pas d’eux et s’installa à une table dans le fond de la salle. Les chaises se vidaient petit à petit, elle se retrouva seule en tête à tête avec Klésiange. Elle ne se souvenait que vaguement de la discussion qui prit tournure, elle se souvenait surtout du mal être qui l’envahissait en se disant que d’ici peu elle quitterait le Comté. Une boule s’était formée au creux de son ventre et elle espérait que les questions sur ce sujet ne pointeraient pas le bout de leur nez, mais voilà c’était peu faire confiance au destin.

Allez savoir pourquoi quand les gens rentraient dans une taverne ils avaient toujours l’impression de déranger. Il suffisait pour cela qu’il y ait un geste, un mot, un regard et dans leur tête tout un scénario se montait sur ce qui n’était pas. Ce fut ainsi que la Comtesse Léalie fit irruption trouvant Ewa à genoux, le front reposant sur la cuisse du jeune homme. Alors vous diriez quoi vous? Aventure passagère? Réconfort amical? Scène sortie tout droit d’une pièce de théâtre? Quoi qu’il en soit, apparemment ce geste fut plus que louche à l’arrivante puisqu’elle eut du mal à s’en remettre, et ce pendant quelques jours. Jalousie ou autre chose? Qui savait? Mais ce n’était pas la rouquine qui aurait pu répondre. Ewa se releva et essaya d’expliquer son ressenti simplement à une Comtesse en proie au doute et qui l’agaçait légèrement.

Hé bien oui, elle souffrait notre rousse, elle souffrait de quitter ainsi le Limousin, elle avait des craintes, des interrogations, elle se demandait ce qu’elle trouverait de mieux ailleurs, et au lieu de s’épancher sur l’épaule du jeune homme elle avait préférer la cuisse, elle n’avait pas vu en son geste ce qui pouvait être choquant! Il avait juste posé une main sur son épaule essayant de la réconforter aussi bien qu’il le pouvait dans cette situation. Oh les doutes et les questionnements firent vite place à une colère contenue, elle se releva rapidement sur ses deux pieds, faisant même claquer les talons de ses cuissardes. Elle prit de la distance, et essaya de faire abstraction des regards de la jeune femme qui la chagrinait plus qu’autre chose à vrai dire. Décidément l’être humain avait facilité a voir ce qui n’était pas, à imaginer des situations scabreuses là ou il n’y avait que… Ce que vous voudrez après tout…

Le reste elle ne s’en souvenait guère ou alors préférait le garder pour elle, sa mémoire revenant encore plus tard dans la soirée, la Comtesse Léalie partie depuis longtemps, Klesiange et Breccan en sa compagnie alors qu’elle était assise sur le comptoir, les cuissardes retirées. Elle avoua qu’elle craignait fortement qu’on lui touche la voute plantaire. Oh malheureux ce qu’elle n’avait pas dit! Elle jeta des regards furibonds et remonta ses pieds pour les cacher. Klesiange partit à un moment donné et elle se retrouva seule avec son frère licorneux aux genoux boudeurs. Discussion entre deux amis de longue date, regards complices et sourires en coin aux différentes remarques, il fut l’heure de retrouver le groupe et de prendre la route.

Pincement au cœur quand elle laissa le coche passer devant, s’arrêtant sur les hauteurs surplombant la ville pour scruter l’horizon éclairé par les astres. Regard circulaire sur ses terres, sur le Limousin, sur ce qu’elle laissait derrière elle. Des souvenirs à la pelle venaient percuter violemment son esprit, elle s’accrocha à ses rênes et se remémora…

Guéret et des jours d’attentes en tant que Gouverneur de Bourganeuf, sous les ordres de feu Rochegarde.

Guéret et encore l’armée qu’elle avait ramenée un an plus tôt de la guerre de Bretagne après la reprise d’Orléans.

Guéret, mais au delà de la ville, de cette ville il y avait aussi, Ventadour, Tulle, Rochechouart, Bourganeuf et Limoges… Des souvenirs par milliers qui, en elle, ce soir faisait écho déjà d’un passé.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:32

[Châteauroux]

Voilà ils étaient ailleurs, dans un duché voisin au Limousin, le Berry… Que dire, que raconter?

Toujours le même scénario, s’occuper du coche, des chevaux, et trouver une taverne où se poser en attendant le nouveau départ pour un ailleurs.

Des rencontres en taverne, des discussions… Muad, celui là même qui avait fait son nouveau blason, vassal lui aussi de Marie-Alice, et sa compagne. Elle ne pensait pas le croiser là. Puis d’autres, elle se perdait dans les gens qu’elle avait pu voir ou avec qui elle avait pu parler. Sauf peut-être un ou deux. Un Duc duveteux et sa plus ancienne opposante, soirée mouvementée et très juteuse, enfin façon de parler.

Mais reprenons le fil de l’histoire. Apparemment entre la Comtesse Léalie et Klesiange, le beau fixe n’était plus de mise. Il devait l’escorter jusqu'à Tournai mais n’était plus désiré à ses côtés. Ewa n’avait pas essayé de s’immiscer dans leur discussion, bien assez affairée avec les siennes mais apparemment il y avait eu des mots échangés qui pesaient lourds. Et ce fut ainsi qu’elle se retrouva en taverne pour la soirée avec ces deux là, Muad et sa compagne sans oublier le Poilu et Dame_Floryne. Quelques verres offerts pour leur faire découvrir les alcools de la région, une discussion lourde, chargée, orageuse. Un Klesiange qui ne voulait pas en démordre, il irait jusqu'à Joinville pour des affaires diplomatiques apparemment et comptait retrouver la Comtesse Léalie sur la route pour finir le voyage.

Des chuchotements à ne plus en finir, que ça soit entre la Duc et Muad_dib ou le Duc et la Dame de Clairambault. Des regards qui en disaient long sur les propos tenus. Ewa ne se sentait pas forcément à sa place, surtout qu’elle venait d’essuyer par le Duc de Berry, deux trois moqueries bien placées dont il était friand. Des pics, des caps… Bref entre parler de l’ADC en disant que c’était l’Alliance des Clowns, ou mettre à mal la Licorne, Ordre Royal dont faisait parti Ewa en tant qu’Ecuyère, il n’avait rien trouvé de mieux pour baver. Jusqu’au moment où la discussion prit une nouvelle tournure et où la rouquine sentit une vague d’énervement, de colère monter aussi bien dans ses tripes que dans sa tête.

Accrochage à nouveau, Klesiange quitta la taverne suite à des remarques mal a propos, et une invitation à laisser la Comtesse en paix. A peine le jeune homme parti, que le Poussin proposa de s’occuper lui-même du sort de l’escorteur devenu indésirable en l’abattant. Il n’en fallait pas plus à la rouquine pour voir rouge et menacer à sa façon le personnage, tout Duc qu’il fut. Elle lui fit bien comprendre que son statut n’y changerait rien et que si lui ou un de ses sbires approchaient de trop près son groupe de voyage, il gouûterait la pointe de son épée. Heureusement la dame de Clairambault fit aussi opposition à cette offre fortement déplacée. Elle quitta la taverne ne sachant pas ce que ferait la Comtesse de Valenciennes qui apparemment s'était trouver un allié auprès du Duc, il faut dire aussi que c’était l’avocat de son mari dans diverses affaires en cour. Malheureusement pour elle, elle n’eut pas vraiment le choix et dût continuer le voyage puisque ces affaires étaient chargées et qu’il était hors de question de tout défaire à cette heure tardive.

La licorneuse alla donc rejoindre la taverne où elle avait prit une chambre et retrouva Klesiange et Breccan comme pratiquement tous les soirs. Installée sur le comptoir, elle discuta un moment avec eux, les habitants de Châteauroux rentrant et sortant. Un autre voyageur vint les rejoindre, drôle de personnage à l’esprit assez réactif sur les propos tenus, les déformant au grée de ses envie pour les tourner de façon cocasse. Il ne savait pas à qui il avait à faire avec les trois compagnons de route qui s’amusèrent tout autant que ce dernier. Départ du Seigneur de Sarran qui devait ce soir là s’occuper d’emmener l’équipage aux portes de la ville. Ewa resta seule avec Klesiange et un habitant dont le nom lui avait échappé encore une fois, sergent ou douanier de la ville lui semblait-il. Le bougre qui demanda s’il dérangeait et qui ajouta, sans laisser le temps de répondre, que de toute façon, même si c’était le cas, il attendait quelqu’un et ne bougerait pas. Klesiange, déjà passablement énervé, alla de nouveau prendre l’air, demandant à la rousse de l’accompagner, mais ce ne fut pas sans compter sur l’individu qui fit tout pour la retenir. Beaucoup de blabla. Se trouvait-il donc irrésistible pour sortir son numéro de charme à une Ewa plus qu’indifférente et qui ne savait plus comment sortir de ses griffes sauf en étant impolie? Heureusement pour elle, Klésiange revint et l’aida à sortir de se mauvais pas, ils retrouvèrent Breccan et le coche avec enfant et femme enceinte et quittèrent la ville sans demander leur reste.



[Entre le Berry et la Bourgogne un coin de campagne tranquille]

Point de taverne icelieu. Pour écrire ses souvenirs, elle s’installa sous sa tente, afin de faire les annotations sur son carnet et ne rien oublier des tribulations de la veille. Tout le monde était installé au mieux de ce qu’ils pouvaient dans la cambrousse du Royaume. A qui ferait le feu, à qui irait trouver de quoi se mettre quelque chose sous la dent, histoire de changer un peu du pain de voyage. A qui finirait d’installer le campement. Gabrielle riait dehors en compagnie de Léalie, apparemment la jeune femme faisait bonne figure en dépit du fait qu'elle continuait de voyager avec eux. Même si, au demeurant, elle évitait soigneusement de se retrouver en présence de Klesiange. La journée fut calme, Ewa la passa à se reposer, visiter les alentours proches et écrire. Elle avait reçu quelques nouvelles du Limousin, du Conseil, de ce qu’il se passait, un bal masqué avait eu lieu, et à en croire les récits fait, ça avait du être fort amusant d’y assister et la situation avait dû être piquante.

Avait-elle des regrets d’être partie? Non, elle ne pensait pas non, même si certaines choses lui manquaient, si certaines personnes n’étaient plus à ses côtés, elle commençait à regarder tout ça d’un œil extérieur, à lâcher prise et à se dire qui vivrait, verrait. De toute façon, il ne pouvait en être autrement, à quoi cela servait-il de s’encombrer l’esprit inutilement? Et puis, si besoin elle était sur qu’on saurait toujours où la trouver. Perdue dans ses ailleurs, elle ne vit pas la journée passer.

Elle décida de mettre à profit la cuisson du repas pour faire ses ablutions nocturnes dans une source située derrière un promontoire rocheux. Avant de s'y rendre, elle prit dans ses sacoches des braies, un bustier et une pièce de lin propres. L'endroit se présentait comme une cuvette naturelle bordée de fougères. Elle se déshabilla en prenant soin de garder à porter de main son épée et sa dague. Elle se glissa dans les eaux délicieusement fraîches qui détendirent ses muscles rendus douloureux par deux jours de chevauchée intensive.

Elle se laissa aller à rêver tout en contemplant la voûte céleste et ses étoiles, elle avait toujours été fascinée par le ciel et son infinie étendue et aimait à contempler le ballet des oiseaux qu'ils fussent diurnes ou nocturnes. Elle enviait la facilité apparente de leurs évolutions dans les airs, leur intelligence pour se laisser porter par les courants ascendants, leur grâce, leur fragilité. Elle poussa un soupir et fut tiré de sa rêverie par le fumet de la viande qui grillait. Elle s'extirpa de son bain naturel et saisit le drap de lin pour s'essuyer, son corps luisait à la lumière de l'astre de la nuit. La rouquine enfila ses vêtements propres et le contact lui fut agréable, puis jeta pêle-mêle ceux qu'elle avait portés depuis son départ pour les faire tremper dans le bain. Ayant ramassé ses armes, Ewa regagna leur campement de fortune, les autres étaient installés près du feu dans un silence éloquent. Elle s’accroupit pour faire sécher sa longue chevelure et entama son repas cuit à point, tout en scrutant d'un air songeur l'orée des sous bois, laissant ses compagnons dans leurs pensées.

Elle finit son repas et s’excusa pour se retirer à nouveau, elle fut suivit de près par Klésiange. Ses pas la guidèrent à nouveau vers l’eau, où elle trempa ses pieds ayant pris soin de retirer ses cuissardes. Dans sa tête tout se bousculait un peu, passant du coq à l’âne. Des buissons, une couverture de soie, des champignons, qui lui extirpèrent un sourire malicieux. Si Abby avait été à côté d’elle, elles auraient surement pouffé de rire à cette évocation, mais hélas ce n’était pas le cas. Elle espérait seulement que ses pas seraient guidés au bon endroit, il était si facile de se tromper, de commettre une bévue sans pourtant l’avoir chercher. Sa tente, à elle Comtesse de Laroche-Aymon et pas une autre. Bref dans ce brouillard elle se comprenait et peut-être que d’autres aussi, qui savait. Pour l’heure elle n'était plus seule, et les deux jeunes gens passèrent leur soirée au bord de l’eau. Avec ou sans parole le temps s’écoula, au creux de la nuit juste les astres pour compagnie mais les étoiles aussi bougeaient, annonçant bientôt le départ pour Cosne, il fallut rejoindre le campement, abandonner la tranquillité de ce moment. Tout plier, ranger et le faire avec son frère d’arme. Une discussion des plus étranges et loufoques eut lieu, c’était bon de se laisser aller à divaguer. Mais ne dit on pas qu’il y a toujours une part de vérité dans nos dire ?

Le départ fut donné, Ewa en tête comme bien souvent, laissant le coche loin derrière. Voir les armoiries peintes dessus la rendait nostalgique d’un temps qui aurait du être son avenir, mais les doutes l’envahissaient de plus en plus, l’absence, l’éloignement, les silences, tout cela faisait mal et traçait un fossé aux larges et profonds sillons. Le Seigneur de Sarran l’avait rejoint rapidement, afin de continuer leur folle discussion sans queue ni tête, ou peut être que si en fait, seulement il fallait être capable de comprendre les sous entendus. Elle souriait et se sentait sereine, que demander de plus pour l’heure. Juste le flottement d’un parfum : miel et fruits d’été bien mûrs
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:33

[Cosne]

Première ville de Bourgogne, enfin un pied dans le Duché prévu. Installation du petit monde, discussion avec la Comtesse Léalie, qui quittait ce jour le groupe pour voyager seule. Bref le quotidien du voyage, trouver une chambre dans une taverne de la ville, installer Gabrielle et être sure qu’elle ne manqua de rien. Encore une journée puis une autre et encore une. Elle avait le fessier endolori de chevaucher comme cela, depuis le temps que cela ne lui était pas arrivé il faut dire aussi.

Elle s'avançait vers sa petite malle, venant passer son index droit sur les tranches de vieux livres, s'arrêta brusquement sur un ouvrage aux couleurs délavées et serti de fil d'argent. Elle l'extirpa délicatement de son carcan, les yeux ébahis, l'intitulé en gaëlique lui rappelèrent des souvenirs enfouis : son enfance, assise sur les genoux de son père. Ewa se dirigea vers le rebord d'une fenêtre, assez large pour lui permettre de s'asseoir. Glissant un œil vers le dehors pluvieux et gris, elle réajusta sa position et cala son dos sur le mur. Mais c’était sans compter sur l’arrivée de Gabrielle, qui, pimpante, voulait qu’on lui accorde un peu de temps, ce qui pour son âge était compréhensible. Elle invita l’enfant à s’asseoir sur ses genoux sur un siège à bascule et ouvrit par son milieu les parchemins reliés entre eux.

Une voix douce et mélodieuse s’éleva dans la chambre alors que, du bout de ses cuissardes, Ewa actionnait le siège, l’enfant tout contre elle, attentive à ce qui allait suivre. Sa langue natale reprenait le dessus et elle traduisait sans mal les écrits.


Les femmes Cygnes de la mer

A Rinn-Culuisge, à l’ouest du comté de Cork, la mer pénètre profondément dans les terres, comme un fleuve, et les garçons qui demeurent dans le voisinage ont l’habitude de se réunir pour jouer, sur le bord, pendant les beaux jours.

Un jour, un garçon d’environ quatorze ans était seul sur le rivage et regardait sans crainte sur la mer où il y avait des lueurs vertes produites par l’éclat du soleil, et pas un souffle de vent dans l’air. Il s’était assis souvent avant ce jour au bas du flot qui battait maintenant contre les pierres au-dessous de lui, mais il pensa qu’il n’avait jamais vu l’eau plus belle et plus séduisante, et il se dit à lui-même que s’il avait un bateau, il aimerait à aller faire une promenade ; mais il n’y avait pas de bateau en vue. Après avoir regardé quelque temps aux alentours, il aperçut une planche de bois tout prêt de lui, et en même temps il vit trois cygnes nager à la surface du golfe et venir vers lui. Ils tournèrent de-ci delà, mais au bout de peu de temps ils arrivèrent devant lui.

Le garçon fut pris d’une grande joie en voyant la forme des oiseaux. Il rassembla toutes les miettes de pain qu’il avait dans sa poche et les leur donna à manger. Il pensa qu’ils n’étaient pas sauvages ; ils semblaient si doux et si familiers! Ils s’avancèrent tout près de lui, mais chaque fois qu’il essayait de les prendre, il ne réussissait pas à les toucher. Ils n’étaient pas depuis longtemps auprès de lui qu’ils semblèrent devenir encore plus beaux et plus brillants, et son désir de les prendre s’accrut.

Pour satisfaire son désir, il prit la planche de bois, s’assit dessus et suivit les cygnes. Il dirigea la planche à sa volonté en plongeant rapidement les mains dans l’eau, comme on fait d’ordinaire avec les rames. Les cygnes continuèrent à aller devant lui, mais il ne pût les atteindre. En peu de temps, il se trouva au milieu de la mer. Il était fatigué et il s’arrêta de ramer ; alors il changea de couleur, de crainte de ne pouvoir regagner la terre. Mais les oiseaux s’approchèrent et se rassemblèrent autour de lui comme s’ils cherchaient à le remettre de son trouble, et ils firent en sorte qu’il oublia le danger où il était. Plein d’affection pour eux, il étendit rapidement la main pour prendre le plus beau de la bande, mais il porta trop lourdement sur le bord de la planche, il manqua son coup et il tomba dans les vagues.

Quand il s’éveilla du saisissement qu’il avait éprouvé, il était étendu sur un lit de plumes, dans le château le plus beau qu’eût jamais vu œil humain et trois dames se tenaient au pied de son lit. L’une d’entre elles prit la main du jeune garçon et lui demanda aimablement comment il se faisait qu’il fût là.

- Je n’en sais rien, dit le jeune garçon, et il leur raconta le malheur qui lui était arrivé en route.

- Consens-tu à rester auprès de nous, enfin? dit la plus jeune, nous te souhaitons la bienvenue. Mais si tu restes ici pendant trois jours, tu ne pourras jamais plus demeurer dans ton pays, car le vent et le soleil te gêneraient.

Il était si charmé dans son cœur par la beauté du lieu qu’il promit de ne pas se séparer d’elles. Elles le conduisirent de chambre en chambre dans la maison ; chaque chambre l’emportait sur l’autre en beauté et en richesse ; elles étaient pleines de monceaux d’or et de riches soieries. Il avait souvent lu des descriptions du Paradis et il se demanda à lui-même si c’était là l’endroit qu’on appelait de ce nom.

Il resta avec un grand plaisir dans son nouveau pays pendant cinq ans, mais au bout de ce temps il fut pris du désir de retourner voir ses parents et les gens de sa famille. Il craignait qu’il ne lui fût pas possible de le faire, et son cœur se remplit de tristesse et de trouble sans que les dames en eussent connaissance. Un jour qu’il était couché au pied d’un arbre et que des larmes coulaient sur ses joues, une vieille sans dent vint à lui et lui dit:

- Si tu me promets de m’épouser, je te conduirai chez toi demain.

- Je ne t’épouserai pas, dit-il, quand même tu aurais la moitie des richesses du monde.

Elle ne l’eut pas plus tôt entendu dire ces mots qu’elle bondit hors de sa vue. En même temps, les trois dames, qui étaient à l’ombre d’une tour près de lui à écouter sa conversation, 1’abordèrent: elles le remercièrent de la réponse qu’il avait donnée à la vieille femme, et lui dirent qu’en récompense, elles le feraient remonter chez lui.

Au moment où le soleil se leva, le jour d’après, en s’éveillant, il se trouva assis sur un monticule, au bord de la mer, à peu de distance de la maison de son père. Lorsqu’il regarda devant lui, il vit les trois cygnes qui nageaient dans le même bas-fond ou ils étaient cinq ans auparavant. Ils lui faisaient signe de la tête, comme s’ils lui disaient : — Adieu, ami de notre cœur.

Ce faisant, ils plongèrent sous l’eau et ils partirent sans qu’on sût ce qu’ils étaient devenus.
II se rendit chez lui, et il raconta l’histoire qui est rapportée ici. Comme son père et sa mère n’avaient pas d’autre enfant que lui, on peut s’imaginer comme ils furent joyeux de son retour, qu’ils n’espéraient pas. Les gens qui entendirent son histoire s’émerveillèrent mais ne le crurent pas, bien que ce fût la pure vérité.

Au bout de peu de temps, il fut pris du désir d’aller au beau pays qu’il avait quitté pour revoir l’endroit où il avait demeuré, et ses amies, mais il ne savait comment accomplir son projet. Son père et sa mère se désolèrent qu’il voulut les quitter, eux qui n’avaient que lui, mais il ne voulut pas suivre leur conseil. II alla au bord du golfe et se mit à pleurer, mais ce fut en vain, car il n’avait ni connaissance, ni information, ni secret sur l’endroit ou étaient allés les cygnes. On ne put le forcer à s’éloigner de là et à n’y pas retourner, jusqu’à ce qu’il mourut à cette place même.

Après ce moment particulier Ewa vivait dans un ailleurs, rendu encore plus sensible par l’évocation de ce conte, par tout ce que ce simple geste représentait et faisait remonter à la surface…

La journée passa tant bien que mal, perdue dans les méandres d’une autre époque, d’un ailleurs qu’elle n’avait pas connu, et qui avait tout peine effleuré son esprit à travers les récits de son défunt père. La taverne à nouveau, Klesiange à ses côtés, la scrutant, essayant de comprendre, puis une arrivée, pas des moindre qui finir de mettre la rouquine à côté des ses cuissardes : Alethea! Jeune Ecuyère de la Licorne elles se connaissaient déjà avant, cette dernière avait en effet voyagé avec PsyK. Nouveau coup de grâce, une plaie béante voilà ce qu’était devenu son corps, son cœur et son âme. Evoquer rapidement des moments douloureux, la Comtesse de Laroche-Aymon avait dû pâlir. Elle balaya ses souvenirs, ne voulant même plus les écrire et pourtant cela ne s’arrêta pas là. La Dame de Clairambault fit son entrée et les paroles jaillirent du cœur de la rouquine, elle devait se libérer de tout cela, faire place nette si seulement cela lui était permis, vider simplement son sac, sa douleur et sa peine.

Nouveau saut en avant de la main de la narratrice, ne voulant garder en mémoire pour ses vieux jours que l’essentiel ou presque. Soirée en taverne très spécial, un ectoplasme! Vous ne me croyez pas, et bien véridique, bien que des gens aient l’air de lui parler, Ewa, elle, se contenta de penser qu’on ne pouvait voir et donc ne pouvait discourir avec une telle personne. L’ignorance fut son maitre mot.

Le clapotis de la pluie se fit à nouveau entendre et la jeune femme se couvrant de sa cape de licorneuse partie en courant, abandonnant Breccan et Klésiange, pour aller mettre sa monture à l’abri. Retour trempée jusqu’aux os, un feu allumé par le Seigneur de Sarran pour faire sécher la dite cape et permettre à Ewa de se réchauffer un peu. Discussion pour savoir comment ils allaient s’organiser pour le voyage vu que la Comtesse Léalie qui le faisait dans le coche, confiant son cheval à Klesiange, avait récupéré sa monture. Décision fut prise de lui faire faire la route avec Gabrielle dans le véhicule, Breccan et elle-même espérant que la pluie cessât d’ici l’heure du départ.

La route à nouveau sous un ciel chargé mais calme, direction Sémur, enfin, Marie les attendait avec d’autres pour continuer le voyage. Début de parcours à chevaucher tranquillement juste devant le coche, discussion allant de tout à rien, des sourires fugaces, l’amitié de longue date entre les deux licorneux se resserrait de plus en plus, créant un lien particulier et indéfinissable.
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Message  Marie Alice Jeu 3 Sep - 15:37

[Sémur]

Arrivés depuis avant-hier, elle avait retrouvé sa demeure, leur demeure, calme, vide à part quelques serviteurs. Le temps d'en faire le tour, de poser les malles et de se poser elle, pour finir par se rendre compte que le maitre des lieux n'était dans aucune pièce. Un soupir, à peine en Bourgogne, ce n'était plus en une chambre ou sous la tente qu'il se tenait enfermé, à l'écart, mais sans doute sur ses terres. Lasse, si lasse... Comment le dire autrement. Ils ne voyaient plus qu'entre deux portes, le soir ou le matin si bien qu'elle avait pris l'habitude de lui écrire, comme s'il était loin au lien d'être si proche. Si proche. Et c'était sans nul doute là le plus douloureux.

Dans sa dernière lettre, elle avait fini par glisser son bracelet, cadeau qu'il lui avait fait, portant deux pierres qui étaient le symbole du surnom qu'il lui avait donné. Emeraude et améthyste, émeraude violette. Elle lui laissait le choix, soit il venait lui remettre au poignet et acceptait alors de lui parler, d'être là, d'accepter qu'elle le fut également, soit, comme elle le craignait, les ombres qui lui étaient chères avaient gagné la partie contre celle qu'il disait lui avoir apporté de cette lumière qu'il lui manquait, et dans ce cas, elle ne lutterait plus. Elle allait se lever pour donner des ordres pour leur nouveau prochain départ lorsqu'un garde, affecté à la protection du Duc, entra, regardant le bout de ses bottes, visiblement gêné. Sans savoir pourquoi, son coeur se mit à battre plus fort. Non, elle savait pourquoi. Depuis quelques mois elle craignait toute nouvelle, craignant qu'on lui annonça un nouveau décès, toute retraite aussi, le père des jumeaux, son fils, son frère, tous les trois y étaient entrés sans jamais en ressortir. Quelques mots. Il allait bien oui mais avait filé tout droit derrière les murs épais d'un couvent. Elle se laissa retomber dans son siège, pâle, défaite. Certes il lui avait répondu voici peu qu'il y songeait mais sans préciser quand ni où. Choses qu'elle lui avait d'ailleurs demandé sans avoir une réponse. Un geste de la main pour remercier l'homme, le coeur trop sec pour qu'une larme puisse avoir l'idée d'en sortir.

Plus tard ce même jour, un noeud à l'estomac, elle expliquerait à Gaspard qu'il ne pouvait venir avec eux. Les rapports qu'elle avait eu en mains mentionnaient l'état grave d'Eikorc et pour une première rencontre avec son 'oncle', Marie n'était pas du tout sûr que ce soit le moment idéal. Elle l'envoya donc rejoindre Gaborn, avec la recommandation que le Duc puisse veiller sur l'enfant.

Préparatifs en cours, elle traina en ville, se rendant en taverne, discutant avec de nouveaux habitants de la ville, avec d'autres qu'elle connaissait. Elle écouta les récits des batailles, rencontra deux victimes des armées, assista à la mort d'un homme qu'elle connaissait, tué dans un duel par Eusaias, tout cela pour une histoire de noms de moutons. Et surtout elle eut de longues discussions avec Arthur.

Arthur, dernier amour d'Apolonie, mère de Gaspard, amie de la brune vicomtesse, rencontré à son enterrement puis mieux connu à Moulins, alors qu'elle venait chercher l'enfant qui faisait désormais partie de sa famille. Comme Gabrielle la fille de Gaborn. Arthur qui avait été chercher Aleanore en Normandie et lui avait ramené, qui, n'étant pas prêt à rentrer en sa ville les avait suivis en Limousin puis était revenu avec eux en Bourgogne. Arthur tout aussi têtu qu'elle qui voulait lui rendre le sourire qu'elle avait perdu alors que lui le retrouvait. Arthur à qui elle avait promis de venir à Moulins, librement, mais qui refusait de comprendre que s'occuper d'elle, et que d'elle, elle ne savait point faire, et que même pire, cela risquait de la tuer à petit feu.

Ewaele, Breccan, Klesiange arrivèrent le surlendemain de leur retour à Sémur, amenant Gabrielle qui avait fait une petite poussée de fièvre à Limoges, avant leur départ. Le soir même ils repartaient tous ensemble pour Joinville, accompagnée par Maeve et Sunie. Combien de temps ils y resteraient? Aucune idée. Après? Et bien d'abord un tour à Moulins comme promis. Le reste, elle n'en savait rien, ne contrôlait rien, avançait jour après jour, comme elle le faisait depuis déjà quelques mois.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:37

[Sémur]

Arrivée matinale dans la ville où résidait maintenant Marie Alice. Dans le coche, tout était calme apparemment, les deux voyageurs s’étaient assoupis. Devaient-ils les réveiller? Se rendre chez sa suzeraine? Ewa hésita un moment et échangea quelques mots avec Breccan pour prendre une décision. Trouver un lieu pour dormir ne fut pas chose aisée, le jour ne pointant toujours pas le bout de son nez. Une seule chambre de disponible! Ils durent se résoudre et firent au mieux avec ce qu’ils avaient. La Comtesse quitta le lieu la première et prit le temps de visiter un peu la ville avant d’apercevoir son amie avec d’autres personne dans une taverne. Elle y fit son entrée allant embrasser la jeune femme et saluant les autres d’un signe de tête.

Bizarrement les villes se suivaient et se ressemblaient pour certaines choses. Pas le temps de s’asseoir que déjà des yeux se posaient sur elle, attentifs au moindre de ses mouvements. Interdite dans un premier temps, elle reprit le dessus, voilà qu’on parlait d’elle à voix basse comme si elle n’existait pas… Regard en coin, langue prête à agir, nez qui se tortillait. Le dernier geste fut sans doute de trop pour le jeune homme qui se perdait dans sa contemplation. La prose jaillit d’entre ses lèvres alors que la rouquine venait tout peine de poser son fessier. Oh le bougre, ne lui avait-on jamais apprit à se contenir ? Il était bien mal tombé, et la répartie de la rousse ne tarda pas a poindre. Marie et Arthur Dayne semblaient s’amuser à compter les points, ne doutant pas du résultat final. Elle avait réussit à vexer un sémurois, mais ne l’avait-il point cherché après tout ?

Discussion entre la Vicomtesse et son ami, Ewa ne faisait guère attention à ce qu’il se disait, Klesiange rentra, Ewa lui déposa un baiser sur la joue qui, apparemment, ne satisfit pas le jeune homme, restant plus ou moins boudeur jusqu'à l’arrivée de Maeve, la fille des Altérac. Marie s’en alla sur un échange plus ou moins houleux avec Arthur, elle resta là, à observer sans rien dire ce qu’il se passait. Son vis-à-vis, plus que silencieux, Klesiange et Maeve à leurs jeux et discussions, Ewa se retira sans demander son reste.

Plus tard, le début de soirée, nouvelle taverne, il est là, le vexé… Ewa tenait, non pas forcément à s’excuser quoique si peut-être en fait, ou lui faire comprendre qu’il y avait des façons de faire, bref ils étaient là tout les deux, il avait l’air de comprendre, l’air seulement hein, car la rouquine avoua qu’elle partait le jour même. Il prit un ton ironique pour lui balancer au visage qu’elle était venue pour soulager sa conscience. Trop, c’était trop, elle se leva et claqua la porte comme elle savait si bien le faire.

Nouvelle taverne et Marie, une Marie, avec un visage voilé, sombre, triste… Ses propos sur les hommes étaient bien catégoriques. Elle l’écouta, lui répondit, dialogue de femmes blessées chacune à leur façon, elles brassaient leurs échecs, se demandant qui était responsable de tout ça… Marie se renfermait-elle définitivement? Ewa se perdit dans ce qui fut et sera, dans ce que l’avenir pourrait réellement leur apporter de concret. Qui avait dit que « la vie était un long fleuve tranquille ? »

Soirée mouvementée, où la taverne se remplit doucement, discussions éparses. Klesiange fit son entrée, et annonça qu’il partait devant à pieds, vu qu’il n’avait plus de cheval. Ewa resta froide et stoïque à cette annonce, la veille il avait pourtant voyagé dans le coche non? Elle ne chercha pas à comprendre, s’il voulait marcher et bien, grand bien lui fasse après tout. Il était grand et savait ce qu’il faisait. La soirée poursuivit son cours, puis voilà pas qu’une coutume étrange se mit en place… Le tavernier se renversa de la bière sur le torse et les femmes devaient venir la lécher. Ewa sortit pour aller voir ailleurs ce qu’il s'y passait. Marie et Breccan ne tardèrent pas à la rejoindre. Souvenirs souvenirs quand tu nous tiens, avec cette coutume semuroise, ils se rappellèrent ceux du Limousin, Guéret et les tabourets qui volaient, Bourganeuf et son abreuvoir, la mare de Rochechouart, les deux femmes se mirent à chuchoter et, ni une ni deux, les voilà en train d’attraper le Brec et de l’amener directement au lac pour un bon bain.

Le reste lui échappait un peu. Des mots, une épée qui sortait souvent de la part de Marie, Breccan et Ewa s’en étonnérent mais ne dirent rien. Un feu s’alluma dans la taverne, Marie les quitta pour faire les derniers préparatifs. Le seigneur de Sarran retira sa chemise pour la faire sécher plus rapidement, Ewa s’installa sur le comptoir comme elle aimait le faire, parlant de tout et de rien. Le jeune homme s’installa à son tour devant la cheminée, afin que ses braies fussent plus confortables que l’humidité dégoulinante qu’elles lui procuraient suite à son magnifique plongeon. La rouquine retira ses cuissardes pour se mettre à l’aise. Le séchage fini Breccan s’approcha et Ewa descendit de ses hauteurs, une main se tendit, qu’elle accepta sans hésitation aucune, une chaise les accueillant. Nouveau dialogue quand une jeune femme dans un état précaire fit son entrée, Linon. La Comtesse la connaissait, déjà croisée, que cela soit à un mariage ou au banquet de réception du Roy à Limoges. Et le but du voyage d’Ewa tomba enfin sur la table, elle n’avait rien dit avant, le pourquoi de Joinville! Elle apprit de nouveau faits, s’inquiéta mais essaya de ne pas le laisser voir. Puis la dame partie, laissant les deux à nouveau seuls au monde. Fin de soirée douce et tranquille, toujours ces regards et ces sourires, différents? Peut être… Le plaisir de n’être qu’eux dans les silences de la nuit, avec pour seul fond, le crépitement d’un feu…

L’heure arriva enfin... L'heure du départ et donc de se lever et quitter ce lieu confortable, certains moments ne s’effaceraient jamais, imprégnés dans les abîmes de leurs âmes… Mains qui se rejoignirent pour sortir de concert, pas qui résonnèrent sur les pavés de la ville pour récupérer leur montures, pieds à l’étrier et genoux sur les flancs des bêtes pour rejoindre les autres qui les attendaient au poste de garde : direction la campagne verdoyante au-dessus de Dijon pour un campement de fortune avant de rejoindre Joinville, enfin!
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:38

[Entre Dijon et Joinville]

Marcher, marcher, toujours marcher... Ewa marchait. Dans un désert, désert de vie, elle marchait, sans ne rien penser d'autre qu'au mouvement qu'elle imprimait à ses muscles des cuisses et des mollets. Lever, avancer, poser. Ses pensées actuelles se résumaient en ces trois mots. Elle s'était mise en veille une dizaine de lieux auparavant. Breccan marchait, sur ses talons, sans un bruit, sans un mot, sans plus la déranger, lui-même tentait d'économiser ses forces. Tout deux chevauchaient depuis bien longtemps déjà. Que faire d'autre, après tout ? Marcher est une noble action. En rien elle ne détériorait la nature. En rien elle n'était nuisible à quiconque. Ils étaient descendus de leur monture au moment où Marie avait annoncé qu’ils allaient bientôt s’arrêter pour monter le campement en prévision de la nuit à venir. Un regard échangé ils avaient laissés les autres filer.

Finir de monter les tentes, s’installer succinctement, et prévoir le feu pour la soirée, voilà ce qu’il s'était passé, rien de passionnant, des gestes répétitifs, une vie de bohème, mais c’était ce qu’ils avaient décidé d’avoir en quittant le Limousin… Suivre leur instinct sur les routes du Royaume là où leurs pas les guideraient.

Soirée autour du feu, flasque et bouteille qui tournaient de mains en mains, palais qui s’abreuvaient de violette ou prune… Quelques mots échangés, puis des départs. Klesiange avec son arc pensant pouvoir attraper quelque chose de nuit pour le lendemain. Excuse ou non, personne ne le saurait. Suivi par Arthur au bout d’un moment, étrange coutume qu’avaient les hommes, certaines fois, de partir avec de fausses excuses pour simplement se retirer. Bref Puis Marie partie à son tour, les filles, Gabrielle et Maeve, dormaient déjà depuis un moment.

Il devait être dit qu’ils passeraient leurs soirées souvent ensemble mais après tout mieux valait être deux que seul. Elle sentit une onde la parcourir, ses jambes semblaient prises dans un étau confortable et étrange, elle se trouvait envahie par une envie extraordinaire de dormir, elle ne sut pas pourquoi mais elle ne suivit pas cet appel à fermer les yeux et à laisser le sommeil prendre le pouvoir. Sans doute était-ce pour prolonger se sentiment de bien-être et de sérénité qui enflait en elle au fur et à mesure de leur discussion. Le carcan de sa peau disparut, cette prison qui lui était si douloureuse parfois. Elle eut l’impression d’être sans contenant, libre enfin. Le sentiment de quitter un vêtement trop étroit dont l’étoffe blessante jusqu’au plus profond de soi empêchait tout mouvement naturel, spontané… L’impression de nudité. Et ils s’écoutaient, immobiles, assis là, quelque part on ne sait où. Compagnons d'évasion, ils étaient partis plus loin, avec pour tout bagage ce qu’ils ne voulaient plus.



[Joinville - Quand les certitudes s’envolent]

N’être que son ombre et la suivre sans qu'elle le sut, ne rien dire, être là derrière à marcher dans son pas, cape et capuchon qui la cachent presque en totalité, elle déambulait derrière la brune. Regard perdu, ses plus vieux réflexes qui faisaient qu’elle ne perdait pas son guide. Joinville, leur destination. Etait-ce une idée saugrenue de s’être lancée dans ce voyage pour en arriver là? Elle ne savait pas à quoi s’attendre et ne voulait même pas y penser, de peur de faire demi-tour plus vite qu’il n'aurait fallu de temps pour le dire. En même temps, au vu des pigeons échangés la veille avec la citadelle de Ryes, cela serait peut-être le cas.

La prison. Ewaële ne perçut tout d’abord que l’obscurité qui régnait dans les lieux. Puis ses yeux s’habituèrent peu à peu à la pénombre jusqu’à déceler, bien qu’encore vaguement, ce qui l’entourait. Elle passa sa main sur son visage afin d’effacer les restes de fatigue. Les pas de Marie qui résonnaient faisant écho dans sa tête, elle était là derrière elle, mais avançait presque à reculons… Regardant, cherchant à chaque passage de cellule à mieux identifier qui jonchait les sols. Quand elle arriva enfin vers sa suzeraine, ce fut une grille qui se ferma sur son nez. Juste un sursaut, elle recula d’un pas restant interdite un moment. La vie se jouait d’elle à nouveau, elle regarda qui Marie avait pu reconnaitre, car à part un corps, rien ne lui indiquait qu’elle puisse connaitre le blessé. Elle s’approcha pour mieux visualiser, mais la Vicomtesse, maintenant accroupie, cachait l’inconnu. Les pas d’Ewa continuèrent à glisser lentement, scrutant chaque geôle attentivement, des noms tournicotant sans sa tête sans fin : Maleus, Eikorc…

Elle avait eu, dès qu’elle avait fait connaissance avec eux, un avis positif à leurs égards, mais savait aussi que cela pouvait changer à tout moment, elle en était consciente. Et être attachée d’une façon quelconque envers quelqu’un en ces lieux ne pouvait que lui attirer des ennuis… Mieux valait qu’elle joua son jeu seule, sans l’aide de personne, même si à l’heure d’aujourd’hui, cela lui semblait plutôt difficile. Toutefois, elle savait en son fort intérieur, qu’avec les derniers évènements rien ne serait plus pareil, la roue avait tourné sans qu’elle ne put rien y faire. Deux mondes très différents étaient les leurs, et elle ne pouvait se permettre le moindre faux pas. Visage impassible, regard froid, la seule note qui pouvait faire remarquer un semblant d’inquiétude chez la rouquine : ses mains qui tremblaient.

Pincement au cœur et fourmillement dans les bras lui apprirent qu’elle était devant l’un des deux. Mais ce ne fut pas pour autant qu’elle réagit. Le monde extérieur était devenu pour elle une multitude de fantômes, de spectres semblables à ceux qu’elle affrontait dans ses cauchemars. Sauf que cette fois, tout cela n’avait pas plus d’importance à ses yeux. Seule une question demeura ancrée dans son esprit : qui était-elle ? Voilà une bonne question. A laquelle elle aurait aimé pouvoir trouver une réponse qui la satisfasse. Hélas, rien ne venait. C’était comme si son cerveau, sous le choc après pareilles découvertes, refusait de formuler la moindre pensée censée, la laissant dans le brouillard. Pourtant la question obsédante revenait sans cesse. Qui était-elle ?

"- Qui es-tu, Ewaële ? Quelles valeurs prônent tu ?"

En fait, le brouillard lui convenait très bien. C’est alors qu’une petite voix vint susurrer à son oreille. Sa conscience ? En avait-elle seulement une ?

"- Quelle belle preuve de faiblesse, tu fais pitié à voir, deviendrais tu égoïstes ma chère", railla-t-elle, désagréable.

Elle fronça lentement les sourcils, dubitative. D’où venait cette voix dans sa tête ?

"- Ta conscience, espèce d’idiote! Et oui, bonne nouvelle, tu en as une !"

Décidément, le brouillard était mille fois préférable à cette satanée conscience qui venait la déranger. Ne pouvait-elle pas la chasser pour qu’on la laissa tranquille? Non, elle ne pouvait pas. Et elle ne pouvait pas ignorer cette voix qui se disait être sa conscience. Ses mots résonnaient encore dans son esprit embrumé. Pitié, faiblesse, égoïsme. Ces paroles la répugnèrent, l’horrifièrent. Non, ce n’était pas elle Et toujours cette même question qui repassait en boucle. Qui es-tu ?

Un frémissement parcouru tout le corps de la jeune femme, comme si elle revenait à la vie. Oui, elle savait qui elle était, et savait aussi ce qu’elle devait faire, arrêter de se poser trop de questions. Le choix elle ne l’avait pas ou plus, en agissant ainsi, c’est eux qui avait choisi ce que serait leur relation, et elle n’y pouvait rien. Elle fit un pas en avant, sure d'elle, sure de ce qu’il en serait dorénavant, même si intérieurement cette décision la rendait fébrile, dans sa tête tout était clair, elle ferait en sorte d’aider Marie dans les soins si elle en avait besoin, mais cela s’arrêterait là. Elle espérait juste être assez forte pour maintenir cet état de fait…

Elle fit demi tour et retourna là où elle avait laissé sa suzeraine un peu plus tôt, elle demanda à entrer, et vint la rejoindre, s’abaissant à ses côtés, découvrant enfin l’homme sur le sol avec des yeux horrifiés.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:39

[De maux en Mal’ : la fuite]

Un frémissement parcourut tout le corps de la jeune femme, comme si elle revenait à la vie.
Ewa bondit sur ses pieds et en deux enjambées fut au dessus de Maleus, son visage à seulement quelques centimètres du sien. Elle demeura immobile telle une statue de glace pendant une seconde puis s’anima soudainement. Ses moindres gestes étaient devenus d’une rapidité vive et effrayante. Ses grands yeux verts, indéfinissables puits de ténèbres, se braquèrent dans ceux de l’homme. Protégée par son armure, les émotions ressenties par les personnes proches d’elle devenaient moins puissantes mais cela ne voulait pas dire qu’elle ne pouvait plus les sentir. Il n’en demeurait pas moins qu’elle renifla sans peine la peur et le trouble.

Ewaële fit volte-face brusquement et se mit à courir à toute allure, si vite que ses mouvements devinrent flous. Elle venait de prendre une décision, peut-être la décision la plus importante de sa vie. Elle courait sans ralentir vers la sortie de la prison. Elle se retrouva dehors et prit une inspiration, elle aurait voulu sauter dans le vide, jambes serrées et bras écartés comme pour embrasser l’abîme qui s’ouvrait sous elle. Elle aurait voulu s’élancer pareil à un ange déchu, les yeux fermés. L’air s’engouffra sous ses cheveux, vint caresser sa peau. Elle replia les pans de sa cape aussitôt contre son corps fuselé et musclé et partit à toute jambe vers un ailleurs.

Ewa refusait de laisser sa conscience émerger, s’était plongée dans une sorte d’état léthargique, d’où elle ne voulait pas sortir. Si elle faisait cela, c’était pour le bien de tout le monde. Mais qui pouvait la comprendre? Elle risquait de changer le cours des choses en restant. Avec un léger frisson glacé coulant le long de sa colonne vertébrale, elle se dit qu’elle avait peut-être déjà changé le cours des choses.

L’ecuyère tâcha de contrôler ses muscles pour garder l’immobilité. Elle maîtrisa son souffle précipité et entreprit de le ralentir petit à petit. Bientôt, tout serait fini. Des mots haineux empreints de désespoir furent hurlés sous son crâne et brouillèrent son calme. Malgré tous ses efforts, sa concentration baissa.

- « Tu ne peux pas agir comme cela! Pas maintenant! Tu n’as pas le droit de l’abandonner! Monstre d’égoïsme! Tu ne penses qu’à toi! Tu pourrais aider les autres, ta suzeraine au lieu de vouloir t’enfuir ainsi! Quelle belle preuve de faiblesse vraiment! »

La jeune fille perdit encore de sa concentration mais parvint de justesse à conserver son calme. Elle lutta farouchement pour rester inconsciente à cette voix qui la martelait. Ses paupières frémirent. Ewa commença à trembler, un tremblement imperceptible au début. Mais qui devint de plus en présent. Ses membres refusaient de demeurer inertes. Son cœur ralentissait. Son corps, faisant fi de tous ses efforts tandis qu’elle aspirait à autre chose, tremblait de plus en plus violemment. Ses frissonnements convulsifs prirent de l’ampleur alors que quelque chose d’humide inondait son visage tourné vers le ciel. Un gémissement de souffrance lui échappa. Un spasme violent la secoua et elle ouvrit les yeux brusquement. C’était des larmes qui roulaient sur ses joues. Toute entière ébranlée par ces frissons convulsifs, elle ne parvenait plus à atteindre la sérénité ni la léthargie qu’elle voulait si ardemment.

L’amour et la haine sont deux sentiments très proches et pourtant si différends. Il n’y a qu’un pas à franchir pour passer de l’un à l’autre. La rouquine n’en revenait pas. Elle baissa les yeux, comme en proie à la honte mais la seule chose qu’elle ressentait pour l’instant, c’était… Rien. Un abîme de silence et de solitude. Elle avait l’impression de n’être plus qu’une coquille creuse, vide de tout.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:39

[Joinville]

Trop de choses, trop de rien et de tout, un trop plein, elle n’aurait jamais dû venir ici. Elle aurait mieux fait de s’abstenir et, en même temps, ce voyage avait quelque chose de particulier, une saveur nouvelle. Mais elle aurait pu trouver la même chose en se rendant ailleurs sans doute. Ce n’était pas la destination qui importait, mais plus le fait de partir, partir loin, chevaucher des heures durant, dans des paysages si différents, si énigmatiques. Et puis il y avait lui, celui qu’elle connaissait depuis toujours, lié par une amitié sans nom, peut être particulière, sans doute même. Il avait toujours été là, dans son sillage, prêt à lui tendre la main au moindre souci, répondant présent sans hésiter des que la rouquine l’appelait à l’aide. Il était l’heure de quitter la ville, de suivre leur route. Arthur Dayne lui retournait en Bourbonnais Auvergne, Marie restait à Joinville pour porter les soins nécessaires aux membres de la Zoko qu’Ewa n’était pas retournée voir dans les geôles. Les filles, Maeve et Gabrielle resteraient avec la Vicomtesse, logique. Klesiange, quant à lui, reprendrait la route pour les Flandres en se trouvant sans nul doute de la compagnie. Voilà, tout avait un début et une fin… Derniers au revoir en taverne à son amie. Promesses échangées de se retrouver pour continuer plus tard la route ensemble pour Moulins, et la brune quitta la rousse sans un regard en arrière. Il était l’heure de rejoindre leur monture et de s’évader à nouveau vers un nouvel ailleurs.


[Langres]

Elle aurait aimé le remercier de ce qu’il faisait, d’ailleurs, il avait réussit à la faire sourire, un sourire plutôt discret, mais présent. Depuis leur départ de Bourganeuf, il avait été un confident, plus que l’ami, plus que quiconque ne pourrait sans doute le comprendre un jour. Il avait été là, simplement là, à ses côtés, chaque jour durant, de chevauchée en marche, de campements en villes, de tavernes en tavernes… Ils parlaient de tout, de rien, d’eux, du Limousin, de la Licorne, de leurs désirs, du passé…

Elle s’était arrêtée juste à l’entrée de la ville, découvrant une vieille grange apparemment abandonnée, le jour pointait à peine et la fatigue se faisait ressentir depuis déjà un petit moment. Ewa n’avait pas osé le dire, mais elle avait les cuisses vermoulues. Dans ses tempes résonnaient encore les bruits des sabots de leurs chevaux au galop. Elle s’arrêta sans même réfléchir, mais en était-elle encore seulement capable, elle en doutait fort. Plus que tout, ce qu’elle voulait pour le moment c’était dormir et oublier ses muscles qui lui faisaient mal. Il avait continué sans s’apercevoir qu’elle ne le suivait plus. Il ne lui fallut guère de temps pour se rendre compte de son absence à ses côté et fit demi-tour rapidement pour la rejoindre, alors qu’elle se laissait glisser de son équidé tant bien que mal, ses pieds ayant même du mal à la réceptionner sur la terre ferme. Breccan fut plus rapide qu’elle et l’aida dans sa descente lente et presque craintive.

Pour une fois même si une ville leur ouvrait les bras, ils n’iraient pas dans une taverne trouver le réconfort d’une chambre accueillante, la paille serait amplement suffisante pour trouver le repos plus que nécessaire. Il l’aida à se rendre dans la vieille bâtisse, elle fit glisser ses cuissardes lentement le long de ses cuisses, ses mollets et se laissa tomber sur des ballots qui n’attendaient qu’elle pour rejoindre le monde des rêves ou des cauchemars.

Elle se réveilla alors que le soleil était déjà haut dans le ciel, la grange était vide. Elle mit le museau dehors, les pieds nus pour voir si son compagnon était dans les parages, mais rien! Les chevaux avaient eux aussi disparu… Pas d’inquiétude pour la rousse, elle avait une confiance aveugle dans le seigneur de Sarran, et elle ne douta pas un seul instant qu’il avait prit en main l’organisation pour la suite de leur voyage, la laissant se reposer à son gré. Et ce fut une Ewa tout peine les yeux ouverts qui prit la route pour rentrer dans la ville.

Premier objectif, retrouver son frère licorneux et, comme toujours, passer leur temps ensemble, à deviser de tout et de rien, à échanger regards, repas, sourires, flasque, laissant la journée s’égrainer sans se soucier du reste.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:40

[Dijon]

Thème musical

Etait-elle morte ou encore en vie? Le flou du monde tournait autour d’elle. Etait-ce des cauchemars dans lesquels les démons attrapaient et corrompaient les rêveurs pour leur dévorer leur âme? Subitement, une violente douleur explosa en elle, et l'obscurité emplit à nouveau tout son être. Elle fut soudain au centre d'un gigantesque océan aux vagues gonflées par une violente tempête qui noircissait les nuages d'un point à l'autre de l'horizon. Elle flottait au-dessus des flots déchaînés, mais elle n'était pas là, elle n'était pas tangible, elle ne se voyait pas. Quelle étrange sensation que de ne pas avoir de corps. Une incroyable souffrance rayonna alors dans tout son non-être et elle plongea ou plutôt elle coula dans une infinité de mers différentes, toujours plus sombres, vers des profondeurs abyssales, sans aucune autre forme de vie que sa seule présence.

Elle émergea aussi soudainement dans un nouveau décor, un vide immense. L'envers fusionna avec l'endroit et elle explosa en un millier de fragments puis elle fut à nouveau. Le soleil passa à travers des nuages qui n'étaient pas là quelques instants auparavant. Un visage titanesque se posa alors sur elle, elle eut l'impression qu'il trifouillait son âme, ou alors était-ce son corps sur lequel ce visage était penché? La douleur revint, lancinante, et explosa en un feu d'artifice de souffrance. Elle tomba vers le haut, vers les nuages, et elle brûla alors qu'elle pénétrait dans une énorme boule de feu jaune, puis rouge puis bleue. La lumière se volatilisa aussi soudainement qu'elle était apparue et l'ombre reprit sa place de reine de son univers. Des points commencèrent à clignoter tout autour d’elle, puis, dans un déluge de lumière, le visage - ou plutôt la forme de visage car elle n'arrivait pas à distinguer les traits de celui-ci - revint, de même que la douleur.

Son esprit voyagea à travers un million d'années, un million de lieux et un million de couleurs, il erra entre l'espace et le temps pour finir jeté dans un monde où des boules lumineuses explosaient violemment en entrant en collision les unes avec les autres. Un nombre incalculable de points lumineux réapparûrent et elle se rendit compte qu’elle était en train de tomber, encore, elle tombait de plus en plus vite, elle n'arrêtait pas de chuter à travers un terrifiant voile de ténèbres. Elle baissa ce qui pouvait être ses yeux vers le bas et elle vit un point blanc qui se rapprochait de plus en plus, jusqu'à devenir un tout, et, alors qu'elle le heurtait de plein fouet, son être profond vola en éclat.

Les brumes du sommeil s'effacèrent subitement de son esprit et elle ouvrit finalement les yeux en sursautant, se remettant avec peine de ce qui venait de lui arriver. Alors que son souffle reprenait peu à peu un rythme régulier, elle put observer l'endroit où elle se trouvait. Devant elle s'étendait une chambre plongée dans la pénombre, mais au-delà de tout ça au dessus d’elle un visage inquiet la scrutait… Elle s’appuya sur ses coudes pour se redresser. Elle était en nage, et un mal être la tenaillait. Avait-elle réussit à dormir seulement… Dormir de ce sommeil reposant, celui salvateur qui nous permet de continuer à avancer. Non loin s’en fallait.

Elle accrocha les yeux au sien, silencieuse cherchant un quelconque réconfort et surtout des réponses à ce qu’il venait de se produire. Apparemment elle avait passé la journée ainsi, engloutie dans un néant agité, perdue dans les méandres d’un ailleurs sans pouvoir s’en extirper. Une main vint rejoindre une des sienne pour l’aider à s’asseoir. Soudain, elle fut tirée de son engourdissement par une sensation étrange. Tout n’était que silence autour d’eux. En dépit des sifflements persistants du vent et des grondements de l’orage qui approchait. Elle secouait déjà la tête, persuadée que son imagination lui jouait des tours.

Quel était donc ce lien entre eux, cette chose indéfinissable ? Où allaient ces destins qui se nouaient, pour rendre les personnes inséparables ? Ils avançaient, au fil du temps, au gré du vent... ainsi... Ils vivaient au jour le jour. Sans se poser de questions.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:40

[Dijon]

Qui disait que le Royaume pouvait être petit? Une rencontre fortuite en taverne, une connaissance de Marie apparemment: Mazière, Max de Mazière. Un Franc-Comtois, avec qui Ewa allait deviser un moment en taverne. Prise de repère ou comment apprendre à se connaitre? Qui savait. Dans tous les cas, voici un nouveau compagnon de route pour les deux licorneux. Souvenir d’un comptoir où il fallait boire, l’un était perché, l’autre accoudé… Le jeu du chat et de la souris, mais qui était qui? Sourire fugace, fuite passagère pour une rouquine pleine de ressources. Propos et sous entendu, amusement, jeu et légèreté, le temps de s’organiser pour la chevauchée à venir. Le temps passait, les personnes défilaient, une question sans cesse posée par une jeune femme lui revenait : « qu’elle est votre passion? ». Le Gallois fit enfin son apparition, et prit connaissance des dernières nouvelles. Les discussions continuaient, Ewa répondait de front aux deux jeunes hommes qui entretenait deux conversations différentes. Mais l’un se sentit frustré de ne plus avoir toute l’attention de la rousse alors que l’autre se demandait ce que voulait le premier, sans doute, au vu de son attitude. Courtois? Plaisant Intéressé? La Comtesse s’amusait en son fort intérieur.

Et le temps passa, une rencontre tardive et pas anodine, fit plonger Ewa dans le passé. Un sénéchal Franc-Comtois lui aussi. Pour la seconde fois de la journée, elle parla de Bralic. Qui ne le connaissait pas? Une figure, autant pour le Limousin que pour la Franche-Comté, qu'on aimait ou pas, mais le peu qu’Ewa avait pu connaitre de lui avait suffit pour se faire une idée positive de l’homme. Des souvenirs d’allégeances que lui seul savaient rendre différentes. Ah Bralic! Il fut question aussi un peu de son fils Adrian, qu’apparemment l’homme avait connu enfant. Puis l’heure du départ arriva vite, les montures prêtes à l’arrière de la taverne les attendaient ainsi que leur nouveau compagnon aux portes de la ville pour se rendre à Chalon.



[Chalon]

Après une nuit humide et venteuse, après des lieues et des lieues parcourues à essayer de maintenir cape et capuchon pour se protéger, allant bon train, suivie par ses compagnons, ils virent devant eux la ville. Ralentissant le pas, ils finirent au trot pour laisser les bêtes souffler. Seule comptait pour elle la vie paisible qu’elle menait depuis son départ du Limousin. Elle resserra son mantel bleu autour de son cou, pour éviter que le vent glacial ne s’engouffra dedans, et se laissa aller à sa rêverie, un peu engourdie par le lent balancement du pas de son équidé. Bizarrement, et sans savoir comment cela était arrivé, elle perdit les deux hommes qui avaient fait route avec elle en rentrant dans Chalon. Personne ne traînait dans les rues qu’elle traversait, pas âme qui vive. Mais quiconque l’aurait aperçu par la fenêtre de son logis aurait cru voir passer un de ces chevaliers fantômes qui erraient au hasard des villes. Elle avançait lentement, sa cape volant et claquant dans le vent. Sa silhouette était obscure et lumineuse à la fois, sans doute à cause de sa chevelure de feu.

Elle sauta au sol et allongeant le pas, finit par tourner à l'embranchement de la dernière rue qui la séparait de sa destination. Un premier éclair illumina la rue d’une violente lumière et la fit s’arrêter. Une ombre humaine tourna la tête dans sa direction et se rapprocha d'elle à toute vitesse, sans aucun bruit, semblant flotter au-dessus du sol. Ewaële secoua la tête. De là où elle se trouvait, elle pouvait distinguer une taverne. Seconde éclair. L'ombre,franchit les derniers pas qui la séparait de la jeune femme et tendit soudain vers elle une main. Bien qu'il n'y ait personne dans la rue, Ewa réprima un mouvement de recul, en même temps que son cheval commençait doucement, mais fermement, à tirer sur ses rênes, poussant même un petit hennissement. Que venait-il de voir à l’instant? Troisième éclair. Les doigts s’accrochèrent au sien, pour la guider vers l’arrière et laisser là sa monture avant que le ciel se déchaina définitivement.

L'orage était à son comble et, alors que les pavés défilaient devant eux en un mélange de boue et de pierre, les éclairs illuminaient la nuit en une infernale sarabande de traits lumineux reliant la terre aux cieux déchaînés. Que s'était-il passé ? Pourquoi couraient-ils ainsi ? Elle ne s'en souvenait pas. Tout ce qui lui restait dans sa tête était un intense sentiment de terreur, la volonté de fuir le plus loin possible jusqu’au moment où elle avait reconnu la main qui s’accrochait à la sienne. Ils arrêtèrent progressivement leur course et s'abritèrent sous le perron d'une petite échoppe. La poitrine de la jeune femme se soulevait rapidement, au rythme syncopé de sa respiration haletante et sifflante. Elle avait blêmi, ses beaux cheveux encore si soyeux quelques minutes auparavant se tordaient maintenant autour de son visage, libérés de leur capuche, fouettant l’air sous la violence des bourrasques de la tempête qui battait maintenant son plein autour d’eux. Son compagnon décida de l’emmener à l’abri. Celui-ci l’apaisa de sa voix et, la prenant dans ses bras, fit demi-tour et entreprit de la conduire dans la taverne d’à côté.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:41

[Chalon]

A l’abri d’une chambre, elle prit le temps de relire ce qu’elle avait tracé sur le vélin…

Songeuse, la plume entre ses lèvres, elle essayait de faire un premier bilan de ce voyage. Ceux qui imaginaient que tout était possible alors que rien ne l’était, ceux qui pensaient qu’elle était fragile et avait besoin de plus qu’elle n’avait déjà… Ceux qui imaginaient pouvoir lui apporter ce qui lui manquait réellement mais ne faisaient que passer dans sa vie car c’était ainsi, rien n’était écrit, tout venait et repartait, c’était un cercle… Cercle que l’on ne visualisait pas tous de la même façon sans nul doute, mais la rouquine pouvait donner beaucoup sans pour autant se vendre aux plus offrants.

Des rencontres elle en avait faites, et elle en ferait encore. Etait-ce pour cela qu’elle devait minimiser ou encore accentuer ce qui était ou pas. Décidément la vie était compliqué et là où certains voyait sans doute sentiments, elle ne pouvait elle, parler que de compagnies charmantes et affectueuses, des relations au gré du vent et des rencontres qui apportaient leur lot de plaisir ou encore de souffrance.

Elle laissa tomber sa plume, essayant d’apercevoir une lueur positive dans tout cela, essayant de capter l’essence même de ce qu’elle était, mais que les autres ne percevaient pas forcément, s’imaginant trop, bien trop de choses dans ses regards, ses gestes ou encore ses paroles.

Lasse de l’incompréhension de certains, elle préféra passer à autre chose. De toute façon, elle se moquait éperdument de tout ceci, elle avait bien d’autres soucis en tête.

La journée passa, et elle chassa les nuages que des personnes avaient pu inscrire sans même le vouloir sans doute, dans son esprit. Elle prit la route d’une taverne pour se délasser et rencontrer des habitant de la ville qu’elle et ses compagnons ne faisaient à nouveau que traverser. Juste le temps de prendre repos et continuer ainsi leur chemin qui n’avait jamais été réellement tracé.

Taverne donc, rencontre de quelques personnes, puis l’arrivée de son Gallois et ami, Breccan… Comme toujours entre eux moult discussions s’enchainaient, ce qui en soi était un peu logique, vu qu’ils s’étaient toujours suivis dans leur parcours. Ils se connaissaient bien, et partageaient souvent les mêmes choses. Puis le Comte pointa le bout de son nez, et là, la soirée prit une toute autre dimension. Larbin… Comte… Comte… Larbin. La rouquine comptait les points maintenant, regard souvent de travers, à l’un ou l’autre des deux coqs qui s’envoyaient subtilement des fleurs. Elle aurait pu, si ses jambes n’avaient pas été posées sur l’asisse d’à côté, mettre des coups de pieds, mais cela n’aurait certes pas été discret. Elle ne compta pas le nombre de fois où elle se leva et se rassit, prête à claquer la porte de la taverne pour ne plus avoir à assister à cette échange si aimable. Toutefois, il y eut une petite accalmie où chacun essaya d’ignorer l’autre, du moins elle voulait s’en persuader, donc une discussion prit le pas, sur les joutes verbales de ses accompagnateurs.

Le temps passa et la rousse se retira de bonne heure pour une fois. Cette dernière n’avait pas pris le temps de préparer ses affaires, toute à ses écrits qu’elle était. Le voyage n’était pas fini et la route les attendait encore et encore. Dans tous les cas, ce fut vite fait et avant de prendre monture pour se diriger vers Mâcon, elle se dirigea hors de la ville, histoire de trouver un peu de quiétude suite à tout ce qu’elle venait de vivre. Une bâtisse, une roue sur le côté, un sous bois avec une petite rivière, et un espace dégagé, où elle s’installa pour profiter de la simplicité du moment, sous un ciel calme et étoilé, elle profita de la nuit. Rêve ou réalité, la suite restera nichée en son sein, comme un moment unique et merveilleux, elle ne se souviendra pour le coup même pas du voyage qui s’ensuivit tellement l’instant vécu auprès de cette eau qui la berçait de son clapotis musical l’avait enivrée et rendue légère de bien des choses.

Mâcon était là sous ses yeux…
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:41

[Lyon : Voyage d'une rouquine dans le passé...]

La nuit accueillit la rousse et son compagnon dans la capitale Lyonnaise. Lyon, la belle, Lyon la grande. Enfin ils arrivaient, enfin ils allaient pouvoir souffler un peu avant, sans doute, de continuer leur voyage.

Depuis quelques jours sa buse volait à tout va pour porter missive afin de prévenir de son arrivée, de leur arrivée… Homologue, chambellan, prévôt, licorneux et elle en passait. Ce fut le visage sombre que la rouquine investit les rues de la ville. Elle avait dans cette région un passé, mais peu le connaissait, cela remontait à un temps que les moins de… Elle s’égarait, mais comment ne pas se perdre dans des souvenirs qui lui revenaient en pleine face. Elle était silencieuse, alors que leurs chevaux marchaient au pas, suivant les arcanes de la ville sans trop savoir ou ils se rendaient réellement. Que recherchait-elle vraiment en venant ici, quel était son but? Le savait-elle seulement? Des faux semblants? Trouver une excuse pour revenir icelieu, pour… Se serait-elle mentie à elle-même sur la raison de leur venue? Elle se perdait en conjonctures.

Plus elle avançait, plus sa mémoire se moquait d’elle en lui rejetant par image perfide ce qui avait été, ce qu’elle avait vécu, et des noms vinrent sur ses lèvres, murmure inconscient ou résonance dans sa tête? Elle avait cru parler. Elle tourna la tête vers le Seigneur de Sarran afin de se persuader qu’elle ne vivait pas un de ces fameux cauchemars qui la rendaient malade souvent du lever du jour à son coucher… Elle chassa une mèche de cheveu qui vint la titiller et s’enfonça encore plus dans le passé. Ewaele avait toujours en tête le courrier qu’elle avait fait à cet homme, celui qu’elle devait prévenir, mais comment annoncer la mort de l’être aimé et de son enfant. Qui était-elle donc pour avoir le droit de détruire une vie malgré elle. Et aujourd’hui qui se souvenait de son amie, qui se souvenait qu’elle avait vécu à Briançon et l’avait fuit ne se rendant sans doute pas compte de la chance qu’elle avait.

Un sourire fugace illumina les traits de la jeune femme : l’agneau… Mais les nuages dans sa tête revinrent aussi rapidement que ses traits s’étaient détendus. Faire abstraction de tout cela pour le moment. Elle n’avait pas forcément le choix, ou alors elle se perdrait dans les méandres d’une vie passée ou elle n’avait été qu’un pion de mauvais augure… Noir!

Pour l’heure, il fallait trouver de quoi se reposer, auberge ou autre peu lui importait, pourvu qu’elle put enfin fermer les yeux et oublier. Breccan, son ami de toujours, son complice dans tout ce qu’elle faisait, voilà celui à qui elle devait se raccrocher et faire confiance. Ils étaient proches, de cette proximité que les gens avaient du mal à comprendre, car pour eux entre un homme et une femme il ne pouvait en être autrement que la formation d’un couple. En ce qui les concernait, dans les pas de l’un de l’autre depuis belle lurette, tout cela leur échappait. L’un marié, mais abandonné par sa douce pour un autre, l’autre fiancée… Que dire? Ils avaient toujours vécu comme des frères d’armes, leurs épées promises à l’autre sans qu’un seul mot ne fut dit. La vie les avaient rassemblés à nouveau pour ce voyage. Se dégourdir les jambes, s’aérer la tête, promesse faite d’oublier un temps le Limousin et son despotisme… Promesse aussi de vivre, enfin, sans penser à hier ou à demain, profiter et oublier, s’oublier.

Franchissant la porte de l'auberge-relais, les deux compagnons furent assaillis par un flot d'odeurs de cuisine, mais aussi d'alcool. "Déjà", pensa Ewaële avec dépit. Le patron, un gros homme au front bien dégarni, était en train d'essuyer un verre, regardant l'estrade où un duo d'artiste jouait conjointement de la harpe et de la flûte. D'ailleurs ces deux musiciens retenaient l'attention de l'ensemble des occupants de la salle principale de l'auberge. Elle qui pensait qu’à cette heure ils trouveraient tranquillité et quiétude. Ewa s'accouda au comptoir et demanda à boire au tavernier qui visiblement n'avait d'attention que pour les deux musiciens car la jeune femme dut passer sa main devant le visage de l'homme pour que celui-ci lui prêta enfin attention. Se retenant de l'égorger, la licorneuse se contenta d'essayer de glaner quelques informations sur la situation actuelle dans les environs. Elle ne pouvait guère attendre plus de la pauvre loque qu'elle avait en face d'elle après tout. Passablement énervée, elle préféra ne pas relever les quelques mots peu affables que l’homme lui cracha pratiquement au visage. Peu lui importait en fait, elle regarda le gallois en coin et l’invita à sortir de ce bouge, ils ne devaient pas se trouver dans le bon quartier de la Capitale.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:44

Ils avaient trouvé refuge en revenant sur leur pas dans un lieu plus accueillant et plus calme. Chambre prise, Ewa n’arrivait pas à se décider d’aller prendre le repos nécessaire après une aussi longue chevauchée nocturne. Breccan, ne voulant la laisser seule au vu de son attitude, s’était installé à ses côtés, l'observant de temps à autre pour être sûr que tout allait bien. Un silence s’était installé, les deux acolytes avaient les traits tirés et les vêtements recouverts de poussière. La Comtesse avait déposé sa cape près d'elle, perdue dans la contemplation de la Licorne qu’on pouvait voir dessus. Tirée de sa rêverie par la voix du gallois, elle sursauta. Il s’enquérait de son état, le regard soucieux et interrogateur. Ewa, déjà lasse, ne savait pas si elle devait aborder le sujet avec lui de suite. Bien sûr elle lui raconterait, elle ne lui avait jamais rien caché et ne commencerait pas aujourd’hui.

La nuit devenait moins dense, et la rouquine perdue dans les effluves d’un ailleurs ne se rendait plus compte de rien et surtout pas du temps qui s’égrenait. Elle se tourna lentement vers sa sacoche, se rappelant on ne sait pas par quel miracle qu’elle avait une missive en ce jour à faire parvenir en Limousin. Plume et vélin sur la table elle se mit à rédiger comme si les mots coulaient d’eux même, comme si elle les connaissait par coeur. Peut être était-ce le cas en fait. Elle souffla doucement sur l’encre pour la faire sécher, puis roula le parchemin avant d’y apposer son scel personnel. Elle releva ses grands yeux émeraude vers l’homme d’armes de la Licorne.


Il faut que je trouve ma buse, si je veux que cela arrive à temps à Limoges…

Elle n’attendit pas spécialement de réponse et se leva, s’il voulait la suivre il viendrait, si il ne le voulait pas il resterait. Que dire de plus?

Elle ne mit pas longtemps à trouver son oiseau qui, à son sifflement, répondit rapidement, majestueux et haut dans le ciel où le soleil, doucement, s’invitait. Elle le vit tournoyer avant de plonger sur elle comme le volatile savait si bien le faire pour le plus grand plaisir des yeux de sa propriétaire. Elle l’a réceptionna sur son bras protégé par un gant de cuir et s’attela à accrocher ce qui était ses allégeances à la nouvelle Comtesse du Comté ou elle résidait d’ordinaire. Les mots à cet instant résonnèrent dans sa tête elle qui fut trois fois régnante du Limousin, elle savait…


Par la grâce d'Aristote,

nous, Ewaële de la Boësnière, humble Comtesse de Laroche-Aymon, Baronne de Mirambel, Dame d'Yssandon en Limousin,

à vous, AldaAregonde, Comtesse du Limousin et de la Marche par la grâce des urnes,

salut.

Par la présente, nous reconnaissons comme suzerain vous, AldaAregonde, Comtesse du Limousin et de la Marche par la grâce des urnes.

Que nous vous devons désormais respect (obsequium), aide (auxilium) et conseil (consilium),

Que si un conflit venait vous opposer vous, AldaAregonde, Comtesse du Limousin et de la Marche, notre suzerain, à un tiers, nous jurons que nous prendrions cause pour vous.

Que nous ne puissions enfreindre la page de ce serment, ou aller à son encontre par un courage téméraire. Si cependant nous osions le tenter, que nous sachions que nous encourrerions l'indignation du Dieu tout-puissant et de ses bienheureux prophètes.

Pour que l'autorité de notre sermentation obtienne une vigueur plus ferme dans les temps à venir, nous avons décidé de la confirmer par notre main et de la signer par l'impression de notre sceau.

Nous, Ewaële de la Boësnière, humble Comtesse de Laroche-Aymon, Baronne de Mirambel, Dame d'Yssandon a écrit et ratifié,

Lyon, le XXIXème jour de Juillet de l’an de grâce Mil Quatre Cent Cinquante Sept.

Qu'il en soit ainsi et heureusement. Amen.

Carnet de voyage... Signatureewa Carnet de voyage... Sceauewaelerouge

Une inflexion du bras pour donner de l’élan à celle qui depuis longtemps lui servait de messager et la rouquine se noya à nouveau dans les labyrinthes de sa vie, de son passé… Son dos vint se poser contre un mur froid et elle inclina son visage vers le sol pour protéger ses yeux des premiers rayons qui pointaient sur les toits de la ville de Lyon…
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:44

Elle resta là un moment, pensive, avant de rentrer et de rejoindre Breccan. Elle avait reçu entre temps un courrier d’un Lieutenant qu’elle fit voir au jeune homme.

Bonjour à vous et bienvenue en Lyonnais-Dauphiné,

[...]

Headkro lieutenant de la prévôté de Lyon.

Elle ne savait pas trop quoi penser de tout cela, aurait aimé descendre un peu plus sur les terres Lyonnaise et était venue avec son frère d’armes pour bien des raisons dans cette contrée. Devait-elle répondre ou attendre l’accalmie? Elle scruta le visage de son ami qui était tout aussi dubitatif que le sien. Hé bien, elle attendrait de rencontrer les diplomates afin de savoir de quoi il retournait réellement et si ils avaient besoin, ou pas, de leur bras en sus, ou si seulement ils pouvaient continuer leur voyage sans risquer de se voir blesser, voire pire. Elle laissa la missive sur la table repartant dans ses souvenirs. Elle aurait aimé revoir Briançon, rien qu’une fois… Retourner là où elle l’avait laissée avec son enfant. Mais était-ce seulement raisonnable. Petit haussement d’épaule de la rouquine qui décidément se perdait de plus en plus dans ce qu’elle désirait vraiment ou pas.

Rester là un peu voulait dire ne pas rejoindre son amie Marie-Alice de suite en Bourbonnais Auvergne, elle devait aussi prévenir le Comte Max de Mazière de la suite de leur voyage. Le Gallois allait être ravi. Ah les rencontres sur les routes du Royaume. Toutes aussi imprévisible les unes que les autres, apportant tour à tour, joie, colère, sourire, inquiétude, amusement, ou mal être. Depuis leur départ du Limousin, bien des choses s’étaient passés, que devait-elle en retenir exactement? Les nouvelles lui arrivant de leur terre n’avait pas d’effet très bénéfique sur elle, mais elle avait fait une promesse, oublier le Limousin-Marche un temps, le temps qu’il faudrait pour réapprendre à vivre en oubliant ses dissidents, les calomnies, mais et ses amis alors? Ceux là étaient dans son cœur, elle ne pouvait se résoudre à tout balayer d’un simple geste de la main en les laissant dans leur défection, du moins celle du Comté.

Nouveau regard au brun qui la dévisageait, lisant en elle comme dans un livre. Son regard soucieux interpella la rousse et elle ne put s’empêcher de lui sourire, simplement. Elle prit la parole comme si le moment était venu de lâcher quelques bribes de l’histoire qui la liait au Lyonnais-Dauphiné.


Il y a bien longtemps, je ne me souviens même plus pour tout te dire, j’ai fait connaissance d’une enfant du nom de Gazael, nous avons grandit séparément. Moi en Auvergne, elle ici quelques part dans les montagnes, mais nous avions crée une réelle amitié épistolaire. Elle s’installa un jour à Briançon et vécut sa vie comme elle l’entendait, aussi libre que l’air. Ne me demande pas pourquoi mais un jour elle quitta son village et se dirigea vers la Lorraine, que fuyait-elle réellement ? Aimée et amoureuse d’un briançonnais, elle était poursuivie par un autre, et espérait lui échapper ainsi. A peine arrivé à Toul, elle se rendit compte qu’elle était enceinte et portait en elle l’enfant de l’amour. Elle ne pouvait repartir ainsi, les risques elle ne voulait pas les prendre, elle était déjà affaiblie par son voyage aller… Mais voilà, il lui manquait et son ventre s’arrondissait, et elle avait été poursuivie comme elle le craignait par l’autre homme. Elle décida alors de reprendre la route de Lyon, mais elle était rongée par la culpabilité de ce qu’elle avait fait.

Ewa alla chercher un verre au comptoir pour s’éclaircir la voix ou alors pour garder contenance. Il était dur de se remémorer tout ça, de revoir le visage de son amie agonisante sous ses yeux et cet enfant mort dans ses bras alors qu’il venait tout juste de naitre. Elle attrapa sa crinière rousse et l’attacha en une simple natte pour se dégager le visage qui avait blanchi fortement. Elle enjamba le banc et reprit place posant devant eux deux hanaps remplit d’un liquide au couleur de miel…

Je l’ai invité à me rejoindre en Limousin, à Rochechouart exactement, là où j’habitais à l’époque. Mais elle n’arriva jamais, j’ai du prendre ma monture et partir au plus vite sur Montluçon où la maréchaussée m’avait prévenue qu’ils l’avaient retrouvée dans un sale état et qu’ils craignaient pour ses jours. Je n’ai pas réfléchi et suis partie. Mais hélas je n'ai rien pu faire, impuissante face à la vie et à la mort. L’enfant, un garçon qu’elle voulut appeler Gabriel, vit le jour et repartit rejoindre aussi vite les anges, suivit de prés par sa mère. Mais avant de partir elle m’avait enfin avouée le nom de celui qui faisait battre son cœur, celui qu’elle aimait bien au-delà de tout…

Elle se tut, rongée par cette histoire où elle avait été si impuissante, si rien du tout… Ses yeux regardèrent longuement le verre puis dans un geste brusque elle le souleva pour le porter à ses lèvres et le boire cul sec avant de le jeter au sol tellement la douleur faisait rage en elle.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:45

[Une auberge Lyonnaise]

Un silence pesant s’était installé entre les deux compagnons. Il était toujours dur de trouver les bons mots dans ces cas là. Et la rousse, pour le moment, en avait déjà trop dit pour avoir envie de parler à nouveau. Ils n’avaient pas prit encore le temps de prendre un peu de repos, et ses paupières se faisaient lourdes, mais le mal être présent, la colère sous-jacente qu’elle intériorisait depuis fort longtemps la maintenait éveillée.

[Plus tard dans sa chambre…]

Ewa était pensive, elle se souvenait. Les flocons de neige, qui tombaient sur ses épaules, lui procuraient une sensation de bien-être, que seul un être blessé pouvait apprécier. Juchée sur son destrier, elle observait depuis un promontoire rocheux la préparation des deux corps sur une charrette, plus bas dans la vallée. D’ici, la vue de l’activité qui régnait en contrebas lui semblait presque poétique, tel un ballet de lumières dans la froideur du brouillard. La silhouette des gardes se démarquait bien grâce aux torches qu’ils tenaient haut. Elle était fourbue de sa journée passée en reconnaissance dans la région, mais depuis le temps qu’elle avait rejoint les rangs de l’Ost Limousine, les missions de patrouilles lui étaient familières.

Elle releva son capuchon pour mieux sentir le contact de la neige sur sa peau. Elle était encore très jeune, et elle le portait sur son visage : elle avait de grand yeux verts, qui lui donnait l’air d’être sans cesse surprise par ce qu’elle voyait, et des cheveux roux qu’elle gardait toujours très longs. On lui avait fait monté un grand cheval noir, avec qui elle avait finit par s’entendre, et qui supportait tout son équipement de cavalière. Elle ne portait pas d’armure, mais simplement des vêtements solides en cuir et une grande cape noire.

- "Encore quelques heures", s’était-elle dit machinalement en tapant la neige qui s’accumulait sur ses épaules. Oui quelques heures avant de quitter Montluçon et de rallier le Lyonnais-Dauphiné.

Briançon : Son regard se posa sur la ville qui s’étalait à ses pieds : la cité était un véritable joyau, petit chef-d’œuvre du savoir-faire architectural. Construite sur le flanc d’une montagne, plus précisément adossée à un des pics d’une chaine qui surplombait un plateau de très haute altitude, la cité était constituée d'une succession de niveaux imbriqués établis sur des terrasses aménagées plus ou moins vastes. L’unique accès était la route sur le plateau qui débutait aux portes de la ville et se poursuivait vers les montagnes. L’énorme pic montagneux était situé sur le bord du dit plateau et une partie de la ville était tournée vers le vide du versant de la montagne, disposant d’un panorama grandiose sur toute cette partie de la vallée.


[Retour au présent…]

Des coups frappés à la porte de sa chambre la firent sursauter et revenir à la réalité, une missive apportée par un garde aux couleurs du Lyonnais, elle le remercia d’un geste de la tête et prit vite connaissance du pli scellé. Elle regarda en premier lieu la signature et fut surprise de reconnaitre celle du Gouverneur. Une invitation à le rejoindre pour visiter ses terres, était-ce là l’unique raison? Elle avait entendu qu’il y avait grand bruit en place publique, des soucis entre villages. Avait-il besoin de la femme à ses côtés ? De la licorneuse ? De la diplomate ? Ou était-ce seulement le plaisir de chevauchée ensemble ?

Ramasser rapidement ses affaires, prévenir Breccan, que la route reprenait… Pas précipités, mouvements désordonnés, oublier un temps ses tourments pour être prête au plus tôt. Nouveau coup à la porte, son frère d’armes, grand sourire aux lèvres, toujours prompt aux voyages, avait été plus rapide qu’elle apparemment. Côte a côté pour quitter l’auberge, préparer les montures et prendre le chemin pour se rendre à Dié.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:45

[Chevauchée vers Dié et le Gouverneur]

Thème musical

Le départ était donc donné, à eux les chemins de traverse, à eux les grandes étendues à perte de vue, à eux les montagnes et les paysage dont la splendeur n’était pas à mettre en doute. Au revoir pour l’heure jolie capitale Lyonnaise, au revoir ceux qu’elle pensait croiser mais qu’elle n’avait point vu. Fait exprès ou manque de chance? Il n’était pas toujours bon de faire face à son passé proche ou lointain. Portes de la ville dans le dos, elle ne se retourna point, à quoi cela aurait servi de toute façon? Elle savait où elle allait et la personne la plus importante de cette contrée en était informée, si on voulait la trouver, lui parler, ou quoi que ce soit d’autre, il ne serait point dur de mettre la main sur la rousse se dit-elle.

Une dizaine de lieux, voilà ce qu’ils eurent le temps de parcourir avant qu’un pigeon ne les rattrapa, missive à la patte. Ewa en prit rapidement lecture, fit arrêter son cheval aussi sec, éclatant d’un rire peu habituel chez la jeune femme. Deux choses, elle avait loupé son homologue qui apparemment lui courait après, mais là n’était pas la raison de son fou rire… On avait chargé le pauvre Akmer d’une mission hautement diplomatique, si l’on pouvait dire. Demander à Sa Grandeur, une lettre de créance, qui certifiait qu’elle était bien l’ambassadrice du Limousin pour le Lyonnais. C’était tellement gros qu’elle ne savait plus si c’était du lard ou du cochon… Pratiquement trois années à servir autant qu’elle le pouvait les deux provinces, et là pour une soit disant créance introuvable par le Chancelier, on remettait en doute ses fonctions.

Bien, elle allait passer outre et attendre de rencontrer Son Excellence, avec qui elle travaillait par échanges épistolaires pour éclairer ses lanternes sur cette affaire. On allait éviter l’incident diplomatique, et surtout elle ne voulait pas qu’Akmer, qui faisait un travail remarquable, puisse pâtir de cette histoire hautement ridicule, ironique, stupide et bien d’autres choses. Elle expliqua rapidement à Breccan de quoi il retournait, accompagnant la fin de sa phrase d’un haussement d’épaules et d’un soupir qui en disait long. Pour le coup cela avait eu le mérite de changer l’esprit de la Comtesse, qui, toute à ses questionnements sur le pourquoi on en arrivait là, avait mis de côté le passé qu’elle avait en ces terres.

Ils reprirent leur chevauchée au pas, n’étant pas pour le moment pressés par le temps. Puis cela permettrait peut être à Akmer de les retrouver sur la route et de voyager un temps avec eux. Elle se fit silencieuse, plongé dans ses réflexions de ce qu’il y avait à améliorer dans la diplomatie et l’accueil des différentes personnes selon leur rang. Elle trouvait fort dommage que de par l’éloignement de leur terre, ils ne puissent se voir plus régulièrement. Elle appréciait cette personne, qui mettait beaucoup d’ardeur, de temps et de tact dans ses entreprises. Toujours présent pour la renseigner, il avait souvent prit les devant pendant ses mandats de comtesse pour la soulager dans le travail qui était le leur. Elle avait une réelle sympathie pour cet homme et avait, en prévision de sa venue, fait préparer un petit quelque chose à son intention. Mais il faudrait attendre de le voir pour lui remettre, mieux valait tard que jamais.

La montagne. La neige. La forêt. Elle croyait avoir oublié tout cela, elle pensait que cela n’appartenait plus qu’à de lointains souvenirs enfouis au plus profond d’elle-même, appartenant à une autre existence qu’elle n’aurait pas vécu. Pas elle, en tout cas. L’odeur des bêtes, les poils des loups sous ses doigts de petite fille, la texture de la viande chèrement appropriée sous ses jeunes dents. C’était uniquement cela qui avait hanté son esprit tellement de temps. Des sensations, et uniquement des sensations. Elle avait tenté de se remémorer quelque chose, un jour, un instant précis. Mais rien, si ce n’était l’odorat et le toucher, fugaces, qui revenaient parfois. Pourtant, une fois arrivée en ces lieux, tout avait ressurgi cruellement en son être, comme un vieux jouet qu’elle aurait redécouvert. Quand on lui avait volé son identité, elle avait pensé qu’elle ne se souviendrait plus jamais de ce qu’elle avait été. Maintenant, elle comprenait. Rien n’avait été perdu. Elle n’était que la continuation de la personne qui avait vécu dans la forêt auvergnate, et si elle l’avait ignoré c’était parce qu’elle l’avait oublié. Chaque arbre lui était familier. Pendant sa traversé de la forêt, elle avait écouté son souffle résonner au même rythme que cette dernière. Un sourire avait traversé son visage d’albâtre.

Alors, en jeune femme qu’elle était devenue depuis ces temps où elle foulait de ses pieds nus l’herbe verdoyante de la montagne, elle se surprit à penser au futur qu’il lui était réservé. Partir pour tout recommencer, tel avait été son but quand elle avait quitté les terres limousine écœurée, n’était-ce pas là un signe qui lui désignait une voie toute tracée? Sans s’en rendre compte, un soupir lui échappa. Elle avait cru finir ses jours en ces lieux, et voilà qu’une porte inconnue d’elle-même s’ouvrait avec derrière tellement de choses qu’elle ne connaissait pas. Le vent souffla un peu plus fort mais elle ne sembla pas s’en soucier, trop réfugiée en elle-même à méditer ses pensées.

Son attention vira sur le jeune homme lorsqu’il posa sa main sur la crinière sombre de sa monture. Inconsciemment, elle frémit, sentant légèrement tout ce que représentait ce lien. Elle l’écouta parler d’épreuves à traverser et d’évènements où tout se jouerait… Un défi. Ewa s’autorisa un sourire. Elle aimait les défis. En quoi consisterait son combat si elle se cloîtrait en ces lieux reclus du vaste monde et où plus personne ne passait? Non, en vérité, elle n’était pas faite pour cela, son temps n’était pas encore venu de se couper de l’univers pour se reclure tel un vieil ermite. La perspective de choses nouvelles à découvrir, d’un monde à explorer, l’excitait beaucoup plus, elle avait soif d’aventures et sentait que tout ce qu’elle avait réalisé jusqu’à présent n’avait que dépendu des autres. Si elle devait prendre sa vie en main, elle devait faire ses choix par elle-même. Alors, elle ferma les yeux, écouta la montagne et la rumeur de la forêt dont le cœur battait au même rythme que le sien.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 15:46

[De Dié a Embrun]

Non mais elle hallucinait, elle trépignait, piétinait, prête à exulter. Comment osait-il se jouer d’elle ainsi? Gouverneur certes mais quand même! Oser prétendre qu’elle ne saurait retrouver son chemin, ou que la route serait trop abrupte pour elle, c'était mal la connaitre. Il voulait jouer, il allait voir et pas qu’en paroles, non mais ho ! Il pensait aller plus vite qu’elle et être obligé de l’attendre au détour d’un chemin, elle lui avait répondu du tac au tac, de se méfier que ça ne soit pas plutôt l’inverse.

Le soir arrivé, ils étaient devant les écuries avec le Seigneur de Sarran, quand le Gouverneur voulut à nouveau jouer… Ah il pensait que de partir devant l’effrayait, et bien soit, rirait bien qui rirait le dernier… Elle grimpa sur le dos de sa monture évitant soigneusement de lui répondre, un regard amusé à son frère d’armes et la course était lancée. Devant franchir des contrées un peu inconnues pour elle, qui pouvaient receler des rencontres hasardeuses, Ewa avait emporté avec elle quelques vivres et un armement plus varié qu'à l'accoutumée. Hormis son épée et sa dague, elle s'était aussi munie d'un arc et de son carquois, bien que n'excellant pas au tir à l'arc, elle s'était dit que cette arme pourrait se révéler utile pour la chasse, suivant le gibier qu'elle croiserait en ces bois.

La jeune femme sentie son cœur se serrer tant cette étendue forestière lui rappelait sa terre natale. Un caractère sauvage se dégageait, bien que différent des forêts de son enfance, de cette étendue sylvestre composée de grands feuillus au tronc d'argent et aux abondant feuillages verdoyants, de grands sapins sombres mêlant leurs branches aux vieux chênes centenaires. L’écuyère, malgré son chargement fut prise d'une irrésistible envie de galoper. .. Galoper à perdre haleine pour se perdre dans la profondeur de cet écrin de verdure. Elle s'élança dans une course folle, louvoyant entre les arbres, sautant par dessus les souches, flirtant avec les basses branches. Offrant son visage au vent de la forêt... Elle accéléra alors sensiblement jusqu'à sentir ses yeux pleurer au contact de l'air, ses poumons bruler sous l'effort consenti et elle se sentit ... vivante ... vivante ... vivante et libre !!!

Elle ne se soucia même pas de savoir si elle était suivie pour le coup, le bruit des sabots qui martelaient le sol lui confirmait simplement que les deux hommes la talonnaient de près. Apparemment ils étaient aussi ivres qu’elle à ce moment d’abandon… A part les respirations des chevaux point de son ne sortait des êtres qui se mouvaient dans cet effort endiablé. Elle ralentit pourtant l’allure non pour elle, non pour les hommes, mais pour les bêtes, elles ne pourraient tenir ainsi la distance, et ça ne servait à rien de les fatiguer inutilement. Scruter les horizons pour repérer leur chemin, et continuer à trotter.


Gouverneur, je ne crois pas avoir eu l’occasion de vous présenter mon compagnon de voyage, homme d’armes à la Licorne… Breccan, Seigneur de Sarran et des Rosiers d’Egletons.

Ce fut succinct, mais il ne servait à rien de s’étaler, ils auraient le temps de faire connaissance ou pas sur le chemin s’ils en avaient envie après tout. Une chose était sure, personne n’avait réussi à semer l’autre, et la chevauchée était plutôt agréable… Une longue conversation s’ensuivit sur tout et rien, Lyonnais-Dauphiné et Limousin, babillage de circonstance entre Grace et Grandeur, rien de bien intéressant dont on puisse se souvenir dans les quelques années à venir.
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Message  Breccan Jeu 3 Sep - 16:06

[Sur la route de Memp...euh d'Embrun sans embrouille ou presque]

Breccan suivait du coin de l'œil la discussion plutôt vive mais néanmoins amicale entre la rouquine et l'objet de leur présence à Dié en la personne du Gouverneur Phelim.
La préparation allait bon train et d'ici un rien de temps les grands espaces empliront leur mirette.Et en parlant de départ proche,le seigneur de Sarran ne faisait pas si bien dire et connaissant bien sa sœurette...ça ne pouvait se terminer autrement.
Essayez de chatouiller gentiment une Irlandaise et vous comprendrez.
Ni une ni deux,Ewa grimpa sur son cheval et galopa à toute allure direction Embrun via zone forestière et grimpette.
Tout un programme.
Dans les secondes qui suivirent le départ de la rouquine, le Gouverneur Phelim et Breccan étaient déjà sur ses traces visiblement pas décidé à se faire distancer sans combattre...enfin galoper.

Durant cette promenade vivifiante, Breccan remarqua une chose...le sentiment de liberté accroit proportionnellement avec le risque encourut.
En gros plus tu risques de morfler sévère plus tu t'amuses...ce qui est un peu couillon c'est que le moment où tu t'éclates vraiment...risque d'être le dernier.
Et le Brec failli l'apprendre à ses dépends...(bon la normalement j'avais prévu une bande son genre Ta Da Daaa suivi d'une musique inquiétante...mais non).Le groupe continuèrent leur folle chevauchée à travers la forêt, mais attention pas une forêt au rabais hein...quelque chose de mystérieux avec des arbres multi séculaire aux formes tordues comme la raie d'un bossu et aux branches qui poussent expressément à l'endroit où tu as le plus de chance de te les prendre en pleine poire.
Et c'est la que la malchance s'abat sur notre héroïque gallois..ivre de vitesse, le sourire aux lèvres et les yeux plissés a cause de la rapidité...il n'avait pas vu la branche d'arbre ,qui ressemblait plus à un couperet qu'autre chose, s'approcher dangereusement de son cou.
Et là on a tous envie de hurler "Beau Brec, fait attention a cette saloperie de branche..tu es trop jeune pour nous quitter" mais je vous déconseille de le faire vu qu'il ne vous entendra pas car les bruits de sabots martelant le sol couvrirait sans grand mal vos voix...
Bon finalement Breccan parvint à s'abaisser in extremis, évitant ainsi l'atroce piège de Dame Nature mais pas la saleté de poussière en suspension en dessous de la branche qui vint se loger directement dans le magnifique oeil émeraude du Sublime...n'est ce point tragique ça?!?
Bien sur que oui...et vous avez raison.

Par soucis d'économiser les forces de leur monture et permettre à nos valeureux escorteurs de mener à bien leur mission, le passage fast & bidet du voyage dû prendre fin.
Mais prenez garde, ça ne veut pas dire que ce qui va suivre et ennuyant à mourir.
Depuis la fin de la course effrénée Breccan sentait quelque chose de bizarre dans l'atmosphère...comme s'ils n'étaient pas seul.
Bon c'est un fait, vu qu'ils sont trois à voyager.
Il y avait un petit quelque chose de perturbant, un peu comme un poil de cul coincé dans la couture reliant les deux jambes des braies.
Il s'approcha de la rouquine et du Gouverneur Phelim pour leur exposer ce qu'il s'apprêtait à faire et pour qu'ils ou qu'elle ne s'inquiète pas pour lui

Une fois ses compagnons prévenus il ralentit le rythme tout en prenant un peu le large mais pas trop.
Embrun n'était vraiment plus très loin et le danger de la route s'amenuisait au fil des lieues parcourues.
Le seigneur de Sarran attacha son cheval un peu plus loin afin qu'il ne soit pas visible par un éventuel traqueur..bandit..raclure,avant de se poster stratégiquement dans un arbre bordant la route qu'il empruntait il y a de ça quelques minutes déjà.
Ewa et Phelim était encore à porté de voix et devinez qui pointe le bout de son museau?....de la compagnie venant par derrière évidemment, fourbe que tu es.
Breccan zieutait attentivement son avancée...analysant, anticipant afin de ne pas s'éclater face contre terre après un saut pitoyablement loupé.
Mais chut, le voila qui arrive...il est tout proche, il n'a pas l'air d'un bandit mais son approche est étrange.
La compagnie s'apprête à ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais le temps qu'elle termine sa phrase...Brec lui a déjà sauté dessus et mis dos contre terre, l'immobilisant mais le laissant respirer afin qu'il puisse causer sans probleme.
Après tout, il pouvait encore servir...


Qui es tu? Hein?!?
Pourquoi tu nous suis?
Qu'est ce que tu nous veux?


Breccan stoppa son interrogatoire pour lui laisser en placer une voir deux s'il est sage...
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Message  Marie Alice Jeu 3 Sep - 16:09

[Moulins – on se pose paraît... Enfin presque]

Pourquoi repousser plus longtemps le départ de Joinville? Après tout elle y avait fait ce pourquoi elle s'y était rendue à la suite des attaques de la Zoko et des Lions de Judas sur la Bourgogne. La rencontre avec Eikorc et avec Maleus avait eu lieu. Le premier savait désormais que Gaspard, fils d'Apolonie, était vivant et en sa garde, qu'il pourrait le voir s'il le désirait. Ce qu'il n'était pas prêt de faire à l'entendre. Le second savait lui aussi qu'elle n'avait pas pardonné et que les raisons invoquées n'étaient à ces yeux que mauvaises excuses pour avoir trahi sa confiance.

Gaspard... Elle n'avait point souhaité qu'il vienne. Une prison n'était point le lieu pour des enfants, même si Maeve et Gabrielle n'avaient pu s'empêcher d'y mettre les pieds. D'autant moins après avoir vu l'état des deux hommes, d'avoir soigner l'un d'eux et une femme, Felina. Non, la rencontre entre 'oncle' et 'neveu' se ferait ailleurs. Là où ils pourraient parler. Quoique... Le Géant, parler avec l'enfant, ce n'était pas pour demain. Bref, rester là bas pour ne faire que visiteuse soigneuse, alors qu'Ewaele, son amie et vassale, était partie avec Breccan en Lyonnais Dauphiné, qu'Arthur était reparti, non, elle ne pouvait l'envisager. Tourner en rond encore et toujours, elle ne le supportait plus. Attendre dieu sait quel miracle dans une ville où tout lui était étranger, non plus d'ailleurs. Alors puisqu'Arthur lui avait arraché la promesse de venir à Moulins contre un sourire, un vrai, comme elle les appelait, autant le faire maintenant. D'autant plus que personne ne l'attendait, qu'aucune mission ne lui avait été confiée et que cela faisait bien longtemps qu'une telle situation ne s'était pas présentée.

Une soirée en taverne, à Nevers, un peu étrange. Entre un homme qui fumait des herbes étranges dont il disait qu'elles ouvraient l'esprit, une femme qui venait à Moulins elle aussi mais seulement le lendemain mais surtout un bourguignon qu'elle avait déjà croisé à de multiples reprises, le sieur Dnapo qui regrettait de se retirer chez les moines sous peu et de ne pouvoir du coup accompagnée la 'charmante' Vicomtesse pour la protéger. Charmante... Profond soupir rien qu'en y repensant. S'il savait à quel point ce genre de choses pouvait l'exaspérer.. Elle avait donné sa réponse habituelle, qu'elle avait l'habitude des voyages et que si attaque il y avait, elle se défendrait. Si elle avait su, en aurait-elle donné une différente? Non, se connaissant non.

Un lâche. Un pleutre. Un sans... Comment pouvait-il en être autrement? Comment aurait-elle pu le nommer d'une façon différente? Un homme – si si il était bien du sexe masculin – qui attaquait une femme et deux fillettes de 10 ans. S'il avait cru que la partie serait gagnée d'avance, il s'était lourdement trompé. Le premier réflexe de Marie fut de protéger les filles, leur demandant de ne pas sortir du coche dans lequel elles voyageaient. Epée au clair, elle lui avait fait face et l'aurait certainement vu ricaner s'il avait fait jour. Ricanement vite remplacé par la compréhension de l'erreur qu'il venait de commettre quand, au lieu de subir son attaque, elle prit rapidement l'avantage. Pas si rouillée que cela la Chevalier au final. Et plus si fier à bras le malandrin lorsqu'il abandonna le combat en filant plus vite que l'éclair. Même pas eu le temps de s'échauffer et encore moins de faire glisser la lame tranchante sur un morceau de peau, de trancher, de couper... Non.. Rien du tout. Pourtant, quelque part, elle aurait aimé pouvoir décharger ainsi la colère qui ne cessait de couver en elle depuis la mort de son fils, de son frère, depuis son sentiment d'abandon qui la rongeait jour et nuit parce qu'il ne sortait plus de son mutisme qu'à de très rares exceptions, qu'il avait même fini par se dire fatigué et par aller se reposer dans un monastère. Un monastère. C'était derrière ces murs épais qu'étaient morts sans elle bien trop de gens. Jacques, son premier grand amour, père de ses ainés, Arthur justement son fils, Aleksandr son frère.. Désormais elle ne pouvait songer qu'avec une sorte de terreur à ces lourdes portes qui se refermaient sur les vivants, espérant que Gaborn, Gaspard son filleul et Aleanore sa fille ainée en ressortiraient debout, eux. Que la malédiction qui semblait peser sur elle s'arrêterait là.

La route fut reprise, Moulins se révéla devant elles alors que le soleil se levait sur ses remparts. Moulins et forcément en sa mémoire Apolonie, son amie. Serait-elle contente de sa façon de s'occuper de Gaspard? Ne regrettait-elle point son choix? Arthur semblait persuader que non lui. Mais Marie.. Marie, comme toujours, ne se trouvait jamais à la hauteur lorsqu'il s'agissait de ses proches. Plus elle les aimait et plus le sentiment de faute s'alourdissait. Et comme elle n'aimait jamais à moitié...

Un profond soupir, en venant ici elle avait tenu sa promesse, au moins en partie. L'autre était d'essayer de s'occuper d'elle comme disait son ami moulinois qui refusait de comprendre qu'elle ne savait point faire et que, pire encore, pour elle c'était une perte de temps et le meilleur moyen pour qu'elle finisse tout à fait folle.

Portes franchies, arrêt à la première taverne où on ne put leur indiquer où Arthur Dayne résidait, même si on le connaissait. Décision de chercher par soi-même. Suivre la rivière avait-il dit une fois....

Les retrouvailles furent courtes, entre un bal et quelques discussions éparses avec son ami et quelques habitants.

Le bal... Il y avait un bal en l'honneur du Duc Tixlu et elles étaient toutes les trois invitées. Continuer à sourire surtout et demander leur avis aux filles en croisant les doigts dans le dos pour qu'elles n'aient aucune envie d'y participer. Parce que les bals, elle, elle en avait eu sa dose, à haute dose qui plus est, lors du cortège royal. Un banquet, un bal, une joute, un bal masqué... Oui bien sûr qu'elle savait qu'organiser une fête en l'honneur du Roy ou d'un Feudataire n'était pas chose aisée. Elle comprenait mais avait fini par ne plus pouvoir voir une salle de bal en peinture. Bon de toute façon, c'était décidé donc il ne restait plus qu'à se préparer en remerciant Arthur de son hospitalité. Ce dernier avait du comprendre finalement puisqu'il lui glissa qu'elle pouvait tout à fait laisser les filles sous sa surveillance et profiter des bords de l'Allier si elle le souhaitait avant de monter sur l'estrade pour jouer avec les troubadours présents. Un sourire, un vrai, lui avait fait comprendre qu'elle appréciait et, après avoir expliqué à Maeve et Gabrielle qu'elles devaient obéir à Arthur, elle prit la poudre d'escampette pour aller se promener le long des berges éclairées par la lune. Un peu de liberté et de temps pour elle, c'était ce que le moulinois lui avait demander de prendre lors de ce séjour.

Sous peu, elle repartirait vers le Limousin, un court séjour puis vers Joinville à nouveau, avec Gaspard pour qu'enfin il puisse les voir et leur parler. Après...
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 16:09

[En direction d’Embrun… On y est, on y reste !]

Alors qu'ils coupaient une petite clairière, il lui sembla apercevoir furtivement une silhouette... Une sensation de déjà-vu s'immisçait lentement dans son esprit. Elle fronça imperceptiblement les sourcils et porta instinctivement sa main au pommeau de son épée tandis qu'elle fouillait dans sa mémoire pour se souvenir des circonstances. Alors qu'elle se penchait vers son compagnon d’armes, les souvenirs affluèrent petit à petit. Elle se revit quinze ans en arrière au bord d'un bras de la Dore, accompagné de son père lors d'une de ces promenades à cheval qu'elle affectionnait et qui était souvent l'occasion, lors de pauses de cours de théorie militaire. Son père aimait à faire prendre l'air aux manuels poussiéreux de la bibliothèque comme il lui plaisait de le dire. Souvent, donc, il ouvrait un livre illustré de croquis militaires et de plans de batailles fameuses, ouvrages de toutes origines. Quelques échanges à voix basse avec le Gallois et le tour était joué.

Ils avaient prit le large comme il leurs avaient demandé, continuant leur discussion comme si de rien n’était. Ne pas se retourner et laisser faire l’homme d’armes de la Licorne sans s’inquiéter de la suite des évènements. Sur leurs gardes, ils avaient essayé d'évaluer si l'homme était seul ou accompagné d'acolytes et, apparemment, rien ne laissait accroire qu'il fut en compagnie. Marchant au pas, ne se souciant pas de ce qu’il se passait en arrière, ils prirent vite de la distance. Ni Grasce ou Grandeur n’entendirent une voix les héler ni ne virent le Seigneur de Sarran, s’occuper de quoi que ce soit. Et c’est ainsi qu’ils firent leur entrée dans la ville d’Embrun tous les deux.

Embrun, pas grand-chose à dire en fait, la journée s’écoula doucement, bien qu’un sentiment habitait la rousse, soucieuse de ne pas voir son ami revenir, mais il lui arrivait aussi de prendre du temps libre à sa façon. Toutefois, là, un sentiment bizarre tournicotait dans ses tripes. Elle espérait qu’il ne lui était rien arrivé, car tout militaire aguerri qu’il fût, on ne pouvait jamais présager de rien. Prendre du repos car la route n’était pas encore fini, il faudrait cette nuit encore chevaucher pour rejoindre Briançon… Un soupir! Enfin elle arrivait dans cette bourgade qu’elle s’était promis de revoir. Certainement que tout avait changé, certainement qu’elle ne reverrait personne de l’époque. De toute façon qui se souvenait d’elle? De Gazael? Personne!

Le soleil bientôt disparut laissant la place aux astres nocturnes. Bizarrement toujours personne… Elle se rendit au point de rendez-vous fixé avec le Gouverneur. Une taverne, celle de la ville, de toute façon ici ou ailleurs, peu lui importait.

Pour une soirée mémorable cela en fut une, celui qui aurait pu lui prédire cela n’était pas encore né. Elle allait de découverte en découverte, de sourire en grimace, de fou rire en dépit… Sincèrement Embrun cachait bien ses perles rares. Tout débuta avec une jeune femme, danseuse ou du moins amatrice de sauts et élasticités en tout genre… Que voulait-elle? Viser les genoux du Gouverneur pour mieux être installée? Elle produit son effet sur l’homme qui n’arrivait même plus à fermer la bouche, on aurait presque pu voit un filet de bave s’échapper. Puis enfin le Licorneux fit son apparition mais pas un mot de ce qu’il s’était passé plus tôt ne vint sur le tapis. Ewa n’osa demander ce qu’il en était, laissant la soirée filer dans la bonne humeur. Et bonne elle fut, Guillaume fit son entrée, un Lasteyrie, famille connue en Limousin. Comme il était étrange de revoir des têtes familières aussi loin de chez soi… Monseigneur Guillaume. Hé bien, il ferait parti du voyage, il voulait se rendre lui aussi a Briançon pour voir ses ouailles, un de plus ou un de moins, pourquoi pas après tout? La jeune femme devait reconnaitre que le Gouverneur avait l’air ravi de l’épaississement du groupe, allez savoir pourquoi il craignait de rencontrer en chemin une « marmotte géante », qui risquait d’intenter à leurs vies. Risible? Plus que vous pourriez le croire.

Mais c’était sans compter sur l’arrivée du Lieutenant de la ville. Oh si Ewa avait pu elle l’aurait étripé. Pour la première fois de sa vie elle se retrouvait en situation de ne pas pouvoir accomplir son devoir à cause d’un arroseur de gosier. Pas le temps de dire ou de faire une croix sur l’alcool proposé qu’elle se retrouva à picoler aussi sec que tous les hommes à ses côtés, elle sentait le liquide lui bruler les chairs de la gorge tellement cela dégoulinait. Horreur et damnation, le mal était fait. Gouverneur aussi rond qu’un rond, Comtesse incapable de se lever, Seigneur qui hipsait plus que de raison, seul le saint homme avait encore un peu de tenu dans le groupe devant partir pour les montagnes. Qu’ils étaient beaux à voir… La taverne se vida au fur et à mesure, même Breccan laissa Grasce et Grandeur sur place, sans doute avait-il besoin de se rafraichir vu l’absorption massive d’alcool de la région, ou alors il avait un rendez vous secret inavouable, qui savait?

La discussion reprit sa place, à celui qui embêtait gentiment le plus l’autre, un peu de répartie à droite, un peu à gauche, salé, poivré, c’était pesé. Puis d’un coup Phelim se fit plus curieux, et posa des questions plus centrées à la Comtesse. Fiancée, amour, Ewa lui parla donc de Nico, puis ils revinrent sur lui, sur sa solitude voulu. Et enfin sur Breccan, le pourquoi de sa présence aux côtés de la rousse alors qu’il était marié et père. Comment expliquer que sa femme l’avait quitté car ce dernier rêvait d’espace et de nouveaux horizons? Comment avouer qu’elle avait trouvé réconfort dans d’autres bras que ceux de son mari? Cela ne concernait pas Ewa et elle n’avait pas à juger de la vie des autres. Le Gouverneur insista pourtant voulant savoir pourquoi ils ne s’étaient pas séparés. Mais que pouvait dire la Comtesse là dessus? Breccan et Finitou étaient adultes après tout, leur vie ne concernait qu’eux. Ewa les appréciait tous les deux et n’avait pas de jugement à avoir sur leur vie ou leurs décisions. Elle savait que depuis son arrivée en Limousin le jeune homme avait toujours été là, une amitié fidèle était née, avait suivit son chemin, devenant une réelle complicité, comme deux frères d’armes pouvaient en avoir. Le reste ne la regardait pas.

La nuit était plus qu’avancée quand ils se décidèrent enfin de prendre un peu de repos, titubant et espérant que les fossés ne seraient pas leur dernier souvenir…
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 16:10

[D’Embrun à Briançon]

Ewa dormait, d'un repos profond et limpide...En cet instant, rien ni personne n’aurait pu l'empêcher de se laisser bercer lentement au rythme des battements de son coeur, enlacée par Morphée. Elle était posée dans son sommeil, ce qui était rare. L'expression de son visage traduisait une certaine tranquillité, une sérénité profonde. Enveloppée par les ailes des anges, elle dut bien vite redescendre sur terre, en sursaut, bondit de son lit, les lattes lâchèrent, n'appréciant pas le bon réflexe de la jeune femme, et le lit céda...De la poussière envahit la pièce. Quand celle-ci fut dissipée, elle put enfin découvrir ce qui l'avait tiré de son sommeil. Les volets. A cause d'une bourrasque de vent semblant venir d'un autre monde, les rayons de soleil se déversaient à présent dans la pièce, noyant tout ce qui s'y trouvait d'une lumière apaisante et douce.

Où était-elle? Le sommeil avait été difficile à trouver mais à force de se retourner, de s'enfouir et de se recroqueviller sous les couvertures récupérées au pied des bas flancs, elle aurait sombré, agrippé avant la submersion définitive, aux images de la course rêvée : couloir blême, pur linceul de neige et l'arête pure, aérienne, frangée de lumière folle. La route vers Briançon. L'idiot du paysage sommeillait en elle. Il fallait le secouer. Le paysage apparaissait en effet comme l'inexorable montée d'une sensiblerie généralisée et béate, que seuls les faux-fuyants d'un regard patiemment dompté pouvaient déjouer. Au-delà des cols, se dévoilait une contrée neuve, pleine de mystères, de dangers et de promesses. Partis à la découverte du monde, dans les montagnes, nos ancêtres avaient vécu cet instant où l'excitation de la découverte se mêlait à la peur de l'inconnu.

Tout, dans cet aspect sévère à la fois et enchanteur, étonnait, réjouissait et attristait l'observatrice. D'un coté, la vue majestueuse des hautes montagnes, une nature sauvage qui fuyait, s'élevant graduellement en amphithéâtres escarpés jusques aux pieds des glaciers, de l'autre l'éclat d'un ciel d'azur, des champs émaillés de fleurs, chargés de fruits, se dessinant dans tous les sens, brillants de végétation sur toute l'étendue des coteaux, comme dans les vallons les plus reculés et sur la plaine, ce qui donnait au pays un aspect de féerie vraiment pittoresque.

La route était bel et bien aussi longue que dans ses souvenirs les plus fous. Son enfance avait mêlé la nature et la solitude, ce qui expliquait facilement l'étrange caractère du personnage. Un filet d'air lui caressait le visage, il était si léger qu'un papillon ne s'y serait pas risqué, de peur de perturber l'harmonie du moment. Elle avait regardé le soleil se noyer derrière les montagnes depuis l'aube, et à présent la nuit tombait. La mer d'herbe oscillait et s'agitait au grès du vent en prenant la couleur de l'argent. Ce paysage aux environs de la frontière entre le rêve et l'inconscient ne pouvait pas être unique, elle en était persuadée. Un endroit onirique comme celui-ci devait exister ailleurs.
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 16:11

[Briançon… des jours et des nuits]

Parce qu’on se plait à croire que quand on laisse une plume filer sur le vélin, ce qui sera dit et raconté sera lu, un jour, par un cercle fermé de personnes proches ou aimés, qui ne verront, dans tout cela, qu'une façon de laisser une trace de ce qui fut ou presque. Qui comprendront que les mots sont là pour enjoliver et, que ce qui n’est pas dit, ou ce qui peut prêter à confusion, est une volonté du conteur pour que des sourires naissent sur les lèvres et que cela soit une histoire agréable et distrayante. Si celle qui couchait sur parchemin ses récits avait pu savoir ce qu’il se racontait dans son dos pendant qu’elle était loin de ses terres, si elle avait eu idée de ce qu’il se fomentait, elle aurait sans doute arrêté d’écrire, mais il n’en était rien. Ewa était loin des turpitudes du Limousin, des pensées, des penseurs toujours aussi démoniaques et vils, loin des rumeurs et des quand dira-t-on. Mais on le savait, dans le royaume, il ne faisait pas bon avoir des titres et se retrouver sur les devants de la scène, cela déplaisait, créait des jalousies, et ouvrait une porte aux bassesses en tout genre.

A Briançon depuis quelques jours déjà la rouquine avait prit ses marques, faisait connaissance avec certains villageois, peut être même tissait des liens, cela le temps lui dirait. Il s’était passé bien des choses. Ses matinées, elle les passait à découvrir la ville et ses alentours, elle ne voyait guère le Gouverneur ou Breccan, chacun à ses occupations. Le temps s’égrenait lentement, et les préoccupations des uns n’étaient pas celles des autres. Elle, elle se laissait vivre, profitant des belles journées ensoleillée pour partir à l’aventure dans les montagnes vivifiantes et revigorantes. Découvrir les éléments qui l’entouraient et qui lui rappelaient de nombreuses choses. Déjà sa venue ici il y avait quelques années, puis l’Auvergne où elle avait grandit, élevée par son père, maitre d’armes qui lui avait transmis son savoir, ainsi qu’à Marie Alice, son amie de toujours, son ainée de deux ans avec qui elle avait fait son passage de l’enfance à son état de femme. Elle avait passé de longues heures sur un promontoire rocheux à observer la plaine en se demandant ce que serait l’avenir.

Pourtant une matinée fut bien différente, elle était partie accompagnée du prévôt Dame Plume et du Seigneur de Sarran à la chasse aux myrtilles. Cela lui avait arraché un sourire, car la myrtille ne se chassait pas, mais ces propos provenaient d’une boutade de taverne avec la Bourgmestre. Elle se souvenait, elle avait 9 ans. Cela se passait loin là bas. Elle avait 9 ans, elle courait au milieu de cette grande coulée verte, prairie balafre au cœur de la forêt. La pente était raide, elle tomba évidemment, elle avait 9 ans. Elle roula, se releva, pleurant et riant en même temps. En quelques bonds elle avait rejoint son père et son amie, occupés à leur cueillette. Ewa chipa une pleine poignée de myrtilles et repartit en courant, tout en se les fourrant dans la bouche. Enfant qu’elle était, elle s'étala dans l'herbe, le ciel si parfaitement bleu tournoyait, elle le voyait à cause de la cime des arbres en mouvement. D'un coup de langue elle avait lapé un peu du jus de myrtilles qui lui coulait sur le menton. En rentrant, après la cueillette, elle imaginait les tartes, de la confiture. Sûrement moins que prévu, si on considérait le tribut qu’elle avait prélevé tout au long de l'après midi et dont une bonne partie était encore là, barbouillée sur ses joues, sur ses mains et même, mystère insondable, sur son front. Elle avait 9 ans, aimait les myrtilles, allongée dans l'herbe l'été.

Retour aux buissons qui s’étendaient à perte de vue devant ses yeux, ils n’avaient plus qu’à s’abaisser, les myrtilles leur tendaient les bras pour être déguster, là, avec gourmandise.

Mais il y avait aussi les soirées et nuits à Briançon, les tavernes. Surtout celle de la mairie avec Ninoua. Là, souvent, le Gouverneur et leur éternel discussion sur un sujet fâcheux et dont la rousse ne voulait surtout pas se mêler. Loin des affres du Limousin, elle ne voulait pas entendre parler des problèmes des endroits où elle pouvait séjourner. Et pourtant comment faire autrement, le sujet devenait récurrent, la jeune femme écoutait silencieuse, voire même perdue à regarder par la fenêtre. Il faut dire aussi que son compagnon de route se faisait souvent rare ses derniers temps, et voire même absent, quand la « chasse » aux myrtilles l’avait fortement fatigué. Du moins c’était ce qu’il avançait. Allez savoir, peut-être une rencontre fortuite dans les rues de Briançon… Un sourire se logea sur les lèvres de la narratrice, le pauvre était veuf depuis quelques jours maintenant, il avait bien le droit à du réconfort lui aussi…

Ewaële grimaça au moment où sa plume et ses idées se mirent en place pour parler de l’épisode suivant. Le jour où elle avait dit au Gouverneur ses origines, son pays de naissance, et où il avait avoué ne pas aimer les Irlandais… Blessée, meurtrie, par ses propos trois jours durant, elle avait essayé de faire abstraction de cela, essayant de lui expliqué qu’au-delà de son pays natal, cela ne changeait pas ce qu’il avait vu en elle jusqu'à ce jour. Pourquoi lui demander du temps pour accepter un fait que de toute façon elle ne pouvait pas changer? Pourquoi ce revirement d’attitude pour une histoire de nationalité? N’avait-elle pas prouvé par ses actes et ses divers engagements son attachement à la Couronne, aux terres françoyses ? Oui, elle avait eu mal d’entendre certains mots, et l’attitude de l’homme envers elle lui avait fait prendre beaucoup de recul et devenir vis-à-vis de lui plus ironique, plus cinglante. Allant même jusqu'à lui verser un verre de bière sur ses braies par pur plaisir de le vexer. Puis elle avait mis de l’eau dans son vin, se disant que de toute façon tout cela ne servait à rien, il prenait un malin plaisir à essayer de faire fuir les personnes qui voulait un peu lui tendre la main, l’aider et se rendre utile. Lire sur le visage de Phelim était enfantin, mais têtue elle était et resterait quitte à en perdre sa chevelure de feu comme il lui avait dit, cela ne lui faisait pas peur… Sine Metu, lui avait-elle répondu!

Elle était là toujours sur son promontoire, plume en bouche maintenant, recherchant les quelques détails qui avaient pu lui échapper, raturant et recommençant, car elle n’aimait pas un mot ou en préférait un autre. Le jour perdait de sa superbe et ses yeux fatigués à se relire inlassablement papillonnaient… Il devait être temps de rentrer au campement, et laisser la nuit faire place au jour sur ce merveilleux paysage où elle se sentait comme chez elle, nostalgie d’un temps qui lui redonnait petit a petit envie de recommencer ailleurs, autrement, du moins pendant un temps s’accrocher ici et découvrir ce qui pourrait l’attirer pour un avenir sans doute meilleur. Mais là décision seule ne lui revenait pas, et des discussions sur ses envies, ses besoins devraient un jour avoir lieu. Quitte a tout perdre pour son bien être? Qui le savait?
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Message  Ewaele Jeu 3 Sep - 16:11

[Briançon… Des souvenirs aux au revoir…]

Le jour se levait à peine, la luminosité dans la chambre d’Ewa allait grandissante et elle était là, allongée, après une longue nuit en taverne où des négociations avaient eu lieu. Sa nuit, aussi courte fut-elle, avait été agitée comme bien souvent maintenant. Mais elle était là s’en l’être, ce matin comme bien souvent depuis son départ du Limousin. Elle partait rejoindre ses souvenirs avec lui, tout ces moments partagés, bon ou mauvais, tendus ou idylliques, ceux depuis leur première rencontre après tout un échange épistolaire où lui était Comte et elle pas grand-chose… Le temps avait fait évoluer les choses, pour elle, pour lui, pour eux.

Première rencontre : La remise des décorations pour la guerre de Bretagne.

D’Yssandon, son domaine, à Limoges puis à la place centrale de la ville, elle était Comtesse du Limousin depuis un ou deux jours seulement, et déjà elle devait remplir ses devoirs. Du monde, beaucoup de monde en ce mois d’octobre 1456… C’était la fierté limousine qui était aujourd’hui célébrée, les soldats portant fièrement les couleurs du Comté au delà de leur frontières, et ceux défendant vaillamment leurs terres. Célébrer la formidable mobilisation des militaires et de leur chef, une pensée particulière pour Bess et Enguerrand, ceux qui les avaient si vaillamment conduits tout le long de cette terrible épreuve… Puis elle se rappela enfin comment la Vice Comtesse avait été blessée et lui avait remis le commandement de la Colm… Et ensuite… Le passé proche de sa vie qui faisait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui… Il s'agissait plus, pour lui, de rendre hommage aux défunts, tombés au nom de la folie humaine, que d'applaudir à la remise d'un bout de ferraille, même si les distingués pouvaient être fiers de leurs actes et de leur bravoure. Quand enfin leurs regards se croisèrent. Lorsque, plus tard, tout à l'heure, non maintenant, sur l’heure, elle descendit de l’estrade et sans réfléchir, traversa les rangs des soldats et la foule pour venir chercher son bras et le guider auprès d’elle, non pas sur cette scène où les médailles étaient distribués mais devant, à ses côtés... Trouble passager pour lui, puis pour elle, se rendant compte de son geste qu'elle pensait anodin. Elle se souvenait encore de sa première phrase : « Ma Dame, ma place est parmi la foule. Je ne suis ni au Conseil, ni votre époux pour me dresser ainsi à vos côtés durant une cérémonie officielle. L'honneur que vous me faites est trop grand et je ne sais que dire. Que vont penser les gens ? » Mais il était resté. Malgré ses mots distants, sa main gantée avait retenu celle de la Comtesse posée alors sur son bras. Il l’avait serrée tout le reste de la cérémonie, échangeant regards et sourires où passaient trouble, émotions.

Première allégeances.

Elle se souvenait encore de ses mots prononcés à cette occasion : « Comtesse. Cela fait un certain temps que les allégeances étaient devenues une corvée, évitée grâce à l'envoi de missives dûment rédigées et scellées. La nouvelle de votre élection m'emplit de joie et c'est avec une réelle sincérité que je vous jure conseil, fidélité et loyauté. Mes biens sont, dans la mesure de mes moyens bien sûr, à votre disposition et vous pouvez en disposer selon votre bon vouloir dans le bien du Comté et de sa population. Ma personne vous appartient de même : ordonnez et j'obéirai! » Un sourire avait étiré les lèvres de l’homme lui faisant face. Réponse faite, elle s’était approchée pour la traditionnelle accolade qui avait fini en baiser vassalique puis elle avait rajouté à voix basse : « Si votre personne m’appartient ou du moins au Limousin, n’oubliez jamais que mon épée est votre et je réitère cette promesse faite un jour. » Elle lui avait remis un présent, une petite campanule en broche forgée pour lui dans sa forge, pour le remercier. Cette fleur représentait la gratitude tout simplement. Il était troublé tout autant qu’elle et, en reculant, il avait porté sa main à ses lèvres dans un geste sans doute inconscient avant de la laisser retomber.

L’après.

Le passage du Roy en Limousin, nouvelle occasion de se retrouver, il devait être son cavalier pour les diverses cérémonies. Puis une mission sur Tulle où il avait voulu être près d'elle, pour revenir précipitamment car les Alterac étaient annoncés. Course sur la route, conversations, rire, et découvertes de l’un et de l’autre. Son second mandat, nouvelles allégeances, il était le héraut de la cérémonie. Moment tragique quand un des gardes dans un mouvement précipité avait laissé tomber sa lance, déchirant le bustier de la Comtesse, et la blessant. Réaction du Comte de Turenne, inquiétude et peur. Echange du premier baiser. Puis des visites de plus en plus courantes dans son hôtel de Brassac à Limoges, jusqu'à ce jour où…

Il ne pouvait s'empêcher de noter les différences qui les opposaient : lui, le Comte vieillissant, relique d'un âge déjà révolu où les valeurs de la noblesse signifiaient encore quelque chose, du moins le pensait-il ; elle, jeune et belle, espoir d'une génération poussée trop vite entre les guerres, héritière des carnages et des pillages. Lui, le courtisan rompu aux usages de la Cour royale, habitué au luxe et au confort que procure la richesse, elle, militaire jusqu'au bout des ongles, habituée aux privations et à l'inconfort d'une vie d'errance. Lui, froid et compassé, vaniteux et orgueilleux à l'extrême, elle, vivace comme le feu, insaisissable comme le vif-argent. Lui, produit d'une noblesse sûre de son rang, de sa fortune et de son passé, elle, récipiendaire d'une noblesse incertaine, nourrie d'insécurité et de doute. Mais voilà il avait pris une décision et ses paroles résonnait encore en elle : « J'ai remarqué lors des diverses cérémonies publiques auxquelles nous avons assisté que tu n'avais rien de vraiment adapté pour te parer. Maintenant que te voilà Comtesse, même malgré toi, c'est le genre de détails que ne manqueront pas de remarquer ceux qui t'entourent.
J'ai donc décidé de remédier à cette situation. Considère cela comme mon présent pour ton Comté de la Roche-Aymon, don de l'ensemble des Limousins. Prend-le également pour la preuve de mon attachement à ton égard et de ce que je ressens.
Ces joyaux appartiennent à ma famille depuis des générations. Un de mes ancêtres les ramena de Terre Sainte, suite à l'une des croisades. Toutes les femmes de mon sang les ont portés. Ma mère s'en para même le jour de son mariage avec mon père. Je veux qu'ils soient tiens, désormais.
»
Un temps de silence avant qu'il ne reprenne.
« Sache que je ne te demande rien et que je comprendrais si jamais tu les refuses. Il n'y a dans mon geste aucune obligation, aucun engagement, aucune condition. Je veux simplement que tu connaisses l'existence de ces objets et que tu saches ce qu'ils peuvent signifier. Si tu souhaites les porter et t'en parer, fort bien ! Sinon, oublions-les et renvoyons-les d'où ils viennent. »
Mais tout ne s’était pas passé comme prévu pour lui, un simple mot avait fait voler en éclat ce moment intimiste, et la jeune femme avait fuit laissant la parure derrière elle… Il avait pourtant réussit à la retenir avant qu’elle ne passe la porte cochère. Plantée là, droite, fière, lui tournant le dos, son buste se balançant de façon à peine visible d’avant en arrière marquant son hésitation. Elle ferma les yeux se remémorant lui, elle, eux…

Des coups furent frappés à la porte qui la fit revenir au temps présent. Akmer. Un sourire se dessina sur les lèvres d’Ewa… Elle l’invita à rentrer, lui offrit son présent, différents alcools provenant des meilleurs caves de la région limousine. Ils devisèrent longuement sur leur travail, sur leurs contrées. Le temps s’écoula et ils ne le virent pas passer, ils prirent un encas ensemble pour continuer leur conversation, et elle lui annonça enfin son départ de Briançon pour le soir même. En effet le Gouverneur lui avait stipulé un peu tardivement le fait que sa mission dans cette ville était finie et qu’il voulait regagner au plus vite la capitale. Elle rendit sa liberté au dauphinois, en lui promettant de revenir le plus rapidement possible en Lyonnais où elle avait apprécié son séjour et surtout dans cette ville de montagnards où elle avait trouvé un accueil plus que chaleureux.

Ensuite elle avait regroupé ses affaires, rejoint la taverne municipale afin de faire ses adieux aux quelques connaissances faites ces derniers jours. Phelim lui avait rendu un parchemin qu’elle avait perdu, il avait soit-disant reconnu son écriture, puis l’avait remis à un Duc qui sans doute en plaisantant lui avait réclamé… Echange de vélin, les mots reçus n’étaient plus ceux donnés et alors? Enfin l’heure du départ était venue et ce fut avec beaucoup de mal que la rouquine avait dit au revoir, et avait enfourché sa monture, pour ne pas, surtout pas se retourner!
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