Domaine de la Boësnière
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Carnet de voyage...

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Carnet de voyage... - Page 3 Empty Re: Carnet de voyage...

Message  Ewaele Ven 27 Nov - 0:22

[Bourges]

Dans les vapeurs de ce qu’elle venait de subir, elle n’avait que peu vu la route prise par celui qui cette nuit avait guidé l’armée. Mais quand cette dernière fit halte, elle avait enfin les yeux grand ouvert et elle se redressa pour contempler le paysage autour d’elle dans le coche qui l’avait emmenée elle et le médicastre jusqu’à l’entrée de cette ville.

Derrière une pergola s’étendait un petit jardin fermé de murets. On y voyait les dernières roses de l’automne. Plus loin se dressait un pigeonnier strié de petit orifices d’où les oiseaux entraient et sortaient sans interruption. Une demeure et autour se trouvaient une grange, un silo, un grenier à blé, un poulailler, un chenil et une chapelle abandonnée. Il restait un petit bâtiment dont elle ne connaissait pas l’usage. Le vent d’automne soufflait de cette direction. Elle huma l’air et sentit le parfum riche de la levure et de l’orge. Le sentier qui partait de la bâtisse grimpait… Une petite colline. Comme elle levait les yeux vers son sommet, un groupe d’hommes et de femmes se détachait sur le ciel du soir. Ils s’arrêtèrent un moment, comme s’ils se saluaient pour se séparer. Puis quelque un descendit vers eux, les autres coupant à travers champs. Voilà c’était fini, chacun reprenait la route et partait vaquer à ses occupations, des mains se levèrent en sa direction, des au revoir lancés à la cantonade lui parvenait aux oreilles. Le coche reprit la route avec les compagnons restant et ils entrèrent dans la ville afin de trouver un endroit chaud où elle pourrait prendre du repos.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire elle se retrouva seule avec le blondinet qui la garda prêt de lui en attendant qu’elle aille mieux. Marie, Flaiche, Eusaias et les autres étaient partis chez eux. Promesse faite de s’écrire, de prendre soin d’elle, même si au fond elle s’en moquait éperdument de son état. Le mauvais, amouraché de la rouquine lui promis de lui écrire chaque jour que durerait leur séparation. Mais Ewa n’attendait qu’une chose. Un signe, des nouvelles de son fiancé qui maintenant tardaient à son goût. Le médicastre avait été très prévenant avec elle, sans doute plus que la bienséance ne l'autorisait mais elle n’avait pas le droit de flancher, elle n’avait pas le droit de regarder ailleurs, alors que celui qu’elle aimait lui avait promis de la rejoindre, de prendre soin d’elle, d’être là dorénavant pour elle, pour eux… A peine ses amis étaient-ils partis et qu’Ethan prévoyait un retour sur Montpensier qu’elle reçut un pigeon qui lui arracha le cœur qui ne tenait déjà plus à grand-chose. Il ne viendrait pas, il ne viendrait même sans doute jamais. Ne tenant pas encore de façon assurée sur ses jambes, elle voyageait dans un coche et le parchemin s’envola avec les mots couchés par celui qu’elle aimait dans une nuit automnale qui sans doute transformerait la vie de la jeune femme. Il fuyait, il partait sans doute définitivement dans un monastère, il n’arrivait pas à se pardonner, il se sentait fautif de tout ce qu’elle venait de subir, accusant ses absences, ses responsabilités, et pourtant il lui clamait à travers chaque phrase combien il l’aimait et l’aimerait à jamais. Et c’est dans ce froid d’une nuit de novembre qu’elle s’entoura dans sa cape, les yeux brillant de larmes, ses pensées toutes tournées vers lui, espérant qu’un jour avant qu’il ne soit trop tard il reprendrait ses esprits.


[L’appel de Ryes…]

Salle du Chapitre… Du désordre dans l’ordre… Et intronisation.

Quitter un lieu pour aller à un autre. Retour à Ryes, convocation reçue. Elle avait du trouver un moyen de voyager pour ne pas trop souffrir des derniers évènements qu’elle avait cachés autant qu’elle le pouvait. Ewa rentra dans la forteresse avec un coche et, quand elle en descendit, essaya de se tenir aussi droite que les points sur son ventre lui permettaient. C’était d’un pas peu assuré qu’elle longea les couloirs pour se rendre dans la salle du chapitre. On lui avait conseillé le repos mais apparemment il n’était pas encore l’heure d’y songer. C’était une rouquine pâle qui se présenta devant les gardes, s’arrêta là et regarda les deux portes grandes ouvertes et la vue sur la salle qui lui était offerte. Quelques Licorneux étaient là, Ethan devant la table et Antlia genou à terre devant lui, alors que Silec l’avait précédé de peu. Elle observa la scène, voici un geste qu’elle serait bien en mal d’effectuer se dit-elle simplement.

Elle entra et adressa un signe de tête à ses frères, s’arrêtant dans sa marche pour se ressaisir, ferma les poings pour trouver la force de continuer et aller s’asseoir là ou était sa place, sur le banc des écuyers. Sa tête était vide de tout, il n’était déjà pas évident de se tenir ainsi pour elle, ne rien laisser paraitre et faire acte de présence comme on avait dû demander à chacun. Elle ne put retenir une grimace en pliant son corps pour prendre place, heureusement personne ne faisait attention à elle et cela l’arrangeait bien. Elle n’avait pas envie de parler de ses tracas, elle n’avait pas envie qu’on lui pose des questions sur son état qu’on la plaigne ou qu’on ait pitié d’elle. A vrai dire la situation était déjà assez compliquée à vivre, avec les doutes, les remises en question, la culpabilité, sans en plus lire dans les yeux des gens qu’elle affectionnait des sentiments qui lui feraient encore plus de mal.

Attendre, voilà ce qu’il lui restait à faire, regarder les autres arriver, s’installer et attendre ce qui allait suivre. Fermer les yeux un instant, ignorer les douleurs qui étaient siennes et faire face à la situation qui pointait le bout de son nez. Elle tourna la tête vers Ethan et l’observa, se rendant compte soudain qu’il avait déposé sur la table cape, épée, gantelets et collier… Un soupir s’échappa de ses lèvres, cela ne laissait présager rien de bon. Ses mains se crispèrent sur ses braies et elle détourna le regard un temps pour ne pas sombrer dans ses pensées qui par le passé étaient si salvatrices… Aujourd’hui elles étaient noires et cauchemardesques.

La réunion du jour avait eu lieu, chacun intervenant pour dire ce qu’il avait à dire…

Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi? Ce simple mot tournait et tournait encore dans la caboche de la rousse. Déjà que rien n’allait réellement comme elle aurait aimé, mais là depuis la dernière réunion qui c’était tenu en salle du chapitre, tout avait basculé. Les mots d’Enguerrand, avaient frappé. Lourd de sens, a part peut être une insinuation qu’elle n’avait pas assimilé sur le coup… Bassesses et ragots? Rapportés, amplifiés, mais elle était passée à travers cela, non pas que les rumeurs l’intéressaient, mais apparemment tout le monde était au courant sauf elle au vu des attitudes. Elle avait alors tourné la tête, observé ses frères et sœurs, essayé de comprendre ce que cela pouvait signifier. Car le reste du discours de l’ancien Grand Maitre était clair pour elle… Mais là elle avait dû faire un effort pour ne pas demander à son voisin de quoi il était question et était restée sur sa faim. Du moins un temps, jusqu’à ce que cette rencontre entre licorneux se termine, et que les murmures, les regards se portent sur elle, jusqu'à ce qu’on vienne l’attirer dans un coin sombre pour lui dire, lui expliquer tout ce que cela voulait dire. Elle avait eu mal, non pas pour elle mais pour tout ce que cela pouvait comprendre. Elle avait fui, se réfugier comme toujours dans ces cas là sur les remparts de la forteresse. Il pleuvait, le temps était froid et le vent soufflait. Sa cape claquait mais plus rien ne la touchait de ce monde. Elle pensait à lui, rien qu’à lui. Ce Chevalier qui était arrivé là par son humilité, sa foi pour l’Ordre, son investissement, sa droiture. Qui avait pu mettre en doute son honnêteté, son sens du devoir et de la justice? Qui? Cela elle ne le savait pas et ne voulait surtout pas le savoir.

Etre jugée car elle avait décidé au vue de ce qu’il se passait en Limousin, de quitter ce Comté définitivement. Cela faisait cinq mois que c’était prévu, elle avait fait en sorte de tout régler à Limoges la dernière fois où elle y avait mis les pieds. Elle avait pensé à Lyon un temps, puis plus très certaine, essayait de voir, dans l’errance qui était sienne depuis son dernier mandat, l’endroit qui lui conviendrait le mieux. Elle avait même confié tous ses biens aux Altérac, qui avaient tout emportés chez eux à Sémur en attendant qu’elle se décide. Puis la vie étant ce qu’elle était, avec ses joies et ses peines, ses doutes et ses douleurs, elle avait laissé l’armée à Bourbon et avait suivit le Chevalier pour sa convalescence dans sa ville. On lui avait demandé de ne pas rester seule, mais de ne pas aller trop loin non plus. Montpensier. Mais quand elle voyait comment les choses avaient tourné, comment on s’était jeté sur un simple fait sans connaitre les tenants et les aboutissants. Pauvres d’eux si maintenant ils ne pouvaient plus mener leurs vies comme ils l’entendaient, sans être montrer du doigt, jugés et jetés aux lions pour faire mal, par jalousie ou méchanceté, peut être les deux qui savait?

Les jours qui avaient suivit n’étaient guère plus réjouissants, elle se remettait lentement de cette nouvelle cicatrice qui lui barrait le ventre, lui rappelant sans cesse ce qui ne serait jamais. Elle avait réussit à reprendre une marche droite, mais elle avait encore régulièrement des tiraillements qui lui faisait poser une main sur son ventre et l’envoyait vers ses courriers reçus, de son fiancé… ‘Fin, là aussi elle n’était plus sûre de rien. Il lui avait promis de venir la rejoindre, d’être là, de l’épauler dans leur douleur, mais au lieu de cela, il avait rejoint un monastère, pris de remords et de douleur pour tout ce qu’il n’avait pas fait, pour sa non présence, pour tout et pour rien, et elle était restée seule à lire ses mots, ses missives qui jour après jour, étaient arrivées, aussi contradictoires les unes que les autres, aussi tueuses que des épées qui s’enfonçaient là, à l’emplacement de la cicatrise, lui fendant la peau jusqu’au cœur. Alors quand elle se remémorait la mesquinerie de certains à vouloir écrire une histoire qui ne leur appartenait pas avec des mots salissants, outrageants, elle ne pouvait qu’habiller son visage d’un sourire ironique. Blessée elle l’était, pas pour elle, cela non, après tout qu’on lui prête des aventures maintenant elle était habituée et cela ne l’a touchait pour ainsi dire plus. Mais pour Ethan!

Et c’était toujours perdue dans ses pourquoi, que ses pas lourds, la trainaient à nouveau en salle du chapitre pour des nouvelles intronisations. Elle avait mit des œillères et ne voyait rien de ce qui l’entourait, elle s’était fermée au monde tel qu’elle avait pu le concevoir un jour, tel qu’elle avait aimé le connaitre. Son château de cartes petit à petit tombait trop lourd, trop bancale sans doute aussi. Etait-elle donc si naïve? Si utopique? Elle se souvenait encore de certaines paroles qu’on lui avait dite un soir sous la tente de commandement. Sois plus diplomate! Sois plus faux cul! Le premier elle avait fait ses preuves, nul ne l’était toujours selon les situations, et elle reconnaissait qu’une ou deux fois elle s’était légèrement emportée, mais qui pouvait faire montre d’une diplomatie hors norme à part peut être le Perplexe? Le second, elle ne pourrait jamais, cela ne faisait pas partie des choses qu’elle saurait faire un jour, s’y refusant même carrément. Elle s’arrêta devant les portes, se souvenant la dernière fois où elle les avait franchies. Elle posa sa main sur la garde de son épée, celle qu’elle avait choisit quand elle était rentrée à la licorne et reçue comme écuyère, elle releva la tête, scruta ce qu’elle voyait de la salle où elle ne voyait même plus le mur du fond… Ferma les yeux, laissa un soupir s’extraire d’entre ses lèvres, de sa main libre serra la cape azur qui revêtait sa tenue noire. Elle fit un pas, s’arrêta, puis un autre, nouvel arrêt. Dire que c’était dur et qu’un goût amer traversait son palais n’était rien. Pour la première fois depuis longtemps elle n’était plus sûre de rien, de son avenir, d’ici et d’ailleurs, elle doutait sur ce qui allait être et serait. Sur ce qui les attendait ici, ce jour, quand tout ceux qui auraient prit la peine de se déplacer auraient prit place…

Elle entra et s’installa évitant tout regard insistant, un simple signe de tête ne prêtant pas plus attention à qui était là ou pas, elle vit juste Cerridween qui dans l’instant confirma sans doute un peu plus ses craintes. Sur le banc des écuyers elle était maintenant à scruter les portes sans réellement les voir, plus que ses émeraudes étaient posés là faute d’être ailleurs…
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Message  Ewaele Mar 1 Déc - 1:10

[Montpensier]

Chaque jour elle recevait des pigeons du Seigneur de Saint Robert, des mots à en faire pâlir plus d’une, des mots qu’elle n’aurait sans doute pas dû lire, mais qui dans l’état actuel des choses la réconfortaient et lui permettaient de prendre le dessus sur les méandres de sa vie. Elle décida de prendre possession d’un petit hôtel privé dans le centre de la ville. Plus rien ne la rattachait au Limousin maintenant, à part des terres et des titres, et elle devait tourner une page pour ne pas sombrer, gardant un fol espoir mais cela elle préférait le taire. Elle avait une semaine pour prendre du repos et faire en sorte que sa cicatrice lui permette de voyager. Une escorte les attendait avec le Chevalier de la Licorne. Se rendre à Compiègne en Champagne et accompagner une personne à Narbonne. Des lieues et des lieues à parcourir, mais cela ne l’effrayait guère, au contraire. Elle avait déjà retrouvé dans l’errance un moyen de faire à peu près table rase d’un passé houleux. Elle prévint ses amis sémurois de son passage non loin de chez eux... Au cas où. Eusaias fut prompte à réagir et lui répondit qu’il serait à Nevers lors de son passage. Cela la fit sourire. Mais rien de cela ne devait arriver.

[De la Bourgogne en Champagne puis à nouveau la Bourgogne]

Elle ne vit personne à Nevers et les nouvelles qui lui parvinrent de Marie la laissèrent avec un sourire ironique aux lèvres. Les hommes et leurs promesses, les hommes et leurs mots d’amours, les hommes… Des promesses et rien que des promesses. Elle fut réveillée à Troyes par le crépitement de la pluie sur la toile de tente et par la sensation d’un baiser de Nico. Elle cligna des yeux et porta machinalement ses doigts à sa bouche. Tout en faisant cela elle s’interrogea. Voulait-elle ainsi prolonger le contact avec lui? Ou au contraire essayer d’en effacer la trace? Elle était à vif de son retrait dans ce monastère qui lui retirait tout espoir. Elle avait peur de ne jamais le voir revenir. Dehors il faisait encore sombre mais une brume gris perle s’élevait de la terre humide. L’aube n’allait plus tarder. Rien ne bougeait, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Pourtant une sorte de souffle, un frôlement à peine perceptible, hérissait le duvet de sa peau. Ne devrait-elle pas être mariée à l’heure actuelle? Elle n’aurait su dire si ces mots s’étaient formés d’eux-mêmes ou si, comme ce baiser, ils n’étaient que le produit de son subconscient.

Désormais tout à fait réveillée, elle était trop confortablement installée pour bouger. Dehors, il bruinait. La pluie était légère mais elle rendait l’air suffisamment froid et humide pour lui enlever le courage d’abandonner son nid douillet. Elle en frissonna d’avance et remonta la couverture sur son épaule dénudée. Mais c’était sans compter sur le Chevalier qui voulait poursuivre la route.

Ils avaient enfin atteint Autun avec la jeune femme qu’ils escortaient. Elle devait ce jour s’occuper des montures et se dirigea donc vers l’écurie de la ville. L’entrée de l’enclos se trouvait au nord ouest, la porte était ouverte et un jeune homme de garde la salua à son passage. Juste à l’intérieur, contre le mur ouest de l’enclos, se trouvait l’écurie, une petite construction de bois plutôt mieux bâtie que certaines habitations. Deux palefreniers étaient assis à l’intérieur sur des bottes de paille. Ils se levèrent sans entrain, comme mécontents de voir un visiteur leur apporter un surcroît de travail. L’air âcre piqua les narines d’Ewa et elle constata que les stalles n’avaient pas été nettoyées depuis plusieurs semaines. Or elle n’était pas d’humeur à passer sur la négligence des garçons d’écurie. En leur remettant les rênes elle leur ordonna :


Avant de panser ces chevaux, vous nettoierez trois stalles, vous y mettrez de la paille fraiche. Faites de même pour les autres chevaux. Des litières constamment humides provoquent des champignons aux sabots. Vous n’avez pas tant de travail que vous ne puissiez garder votre écurie propre.

Comme ils prenaient tous deux un air maussade, elle ajouta.

Faites ce que je dis ou je m’assurerai que pour votre paresse vous ne puissiez plus mettre les pieds ici et que du coup vous perdiez votre travail.

Elle sortit sans attendre de réponse puis se dirigea vers une taverne de la ville pour se sustenter avant d’aller se reposer un peu. Elle rencontra là un enfant, Cassian. Adorable bambin qui lui fit la conversation avant d’aller rejoindre son papa, comme il disait. Mais qu’elle ne fut pas la surprise de la rousse quand elle sut de qui il était question… Eusaias !

La soirée promettait d’être mouvementée s’il osait pointer le bout de son nez. Et elle le fut, une tisane renversée sur les braies du mécréant. Sans compter la gifle qu’il reçut aussi. Mais il ne fallait pas rêver, compter fleurette il pouvait, même si elle avait tout fait pour le maintenir éloigné d’elle au vu de sa position. Mais on ne se moquait pas de la rousse de la plus vile façon en revenant la queue entre les jambes pour lui demander son amitié. Il lui faudrait du temps sans doute, si elle arrivait à pardonner les mensonges, les cachotteries. Elle était déjà blessée en son for intérieur et cette histoire n’avait rien arrangé sur sa façon de voir les hommes. Elle quitta donc Autun sans regret, ayant pour elle eu l’attitude qu’il convenait à avoir avec un coureur de jupon, un goujat.


[Du Lyonnais-Dauphiné au Languedoc]

Les jours passaient et elle se sentait de plus en plus faible, seule petite étincelle en ce jour où ils rentrèrent dans Lyon, le fait de retrouver son ami de toujours, son frérot, Breccan. Et quand il entra le soir en taverne, elle lui aurait bien sauté au cou, mais sa cicatrice la rappela à l’ordre l’obligeant à se rasseoir un temps et d’aller enlacer le Gallois d’un pas plus modéré. L’inquiétude chez l’écuyer de la Licorne pouvait se lire sur son visage et ils passèrent de longues heures à discuter pour rattraper les jours où ils avaient été séparés. Ils allaient faire à nouveau route ensemble et cela n’était pas pour déplaire à Ewa qui commençait à ressentir de plus en plus la fatigue de la route au niveau de son ventre. La cicatrice ne voulait pas se refermer et le premier point avait sauté mais cela elle n’osait l’avouer à quiconque. La route les attendait toujours et encore afin de rallier Narbonne. La première ville rencontrée fut Uzès et, pendant la période de repos octroyé, elle se rendit dans une auberge. Cela ressemblait à une grande caverne sombre, avec de courts piliers épais et de minuscules fenêtres. L’air était sec et plein d’odeurs qui lui arrivaient aux narines : le houblon, le miel, les vieilles pommes et les herbes desséchés, le fromage et le vinaigre. De quoi mettre en appétit logiquement, mais même si ses relents étaient agréables, elle ne put avaler quoi que ce soit… Les douleurs étaient de plus en plus vives et des nausées lui soulevaient encore régulièrement le cœur. Elle se contenta d’une simple tisane et en profita pour écrire un courrier que sa buse porterait à Narbonne afin de s’assurer que le rendez-vous qu’elle avait pris quelques jours plutôt était bien maintenu.
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Message  Ewaele Mer 9 Déc - 2:22

[Narbonne]

La veille elle avait presque fui de la taverne, arguant qu’elle devait préparer sa monture, qui était déjà prête. Asisse, passant une main sur son ventre, Ewa contemplait les étoiles, pensait à tous ces morts. Tous avaient une mère, un père, des frères, des sœurs, des grands parents pour porter leur deuil. Elle revit son père lui expliquant la mort lorsqu’elle était enfant. Il avait dit que chaque âme devenait une étoile. Elle l’avait cru. Elle le croyait toujours, du moins elle voulait le croire. Elle regardait toutes ces âmes qui scintillaient là-haut, dans le silence de l’infini. Il lui avait dit aussi que la vie était une question de conservation et de procréation… Qu’il fallait la chérir car elle ne saurait subsister sans amour. Mais que lui restait-il à aimer? Et ce petit être qui n’avait pas voulu grandir en son sein, avait-il rejoint ces étoiles qu’elle observait? Nico trouverait-il un peu d’apaisement dans ce monastère? Lui reviendrait-il un jour? Elle doutait. Elle avait l’impression que sa vie était un grand champ de ruine et que rien n’y personne ne pouvait l’aider. Elle demeura là transie jusqu’au départ.

Combien de jours et de nuits à sillonner les routes? Elle ne comptait plus. Elle avait quitté un jour le Limousin et depuis ne faisait que voyager. Chaque occasion était bonne, pas besoin d’excuse. Elle ne savait plus à quoi rimait sa vie alors autant la laisser couler au bord des chemins, rencontrer des personnes avec qui de tout façon elle n’aurait pas le temps de tisser de lien. Elle savait ce que cela coutait de s’attacher, le retour de manivelle faisait toujours mal… Quand Ethan lui proposa de venir avec lui afin qu’elle ne resta pas seule dans son état, elle avait simplement hoché la tête. Il n’avait pas insisté, juste lancé l’idée mais à la condition qu’elle soit en état. Sa santé avant tout. Comment lui dire ou lui expliquer que c’était la dernière des choses à laquelle elle voulait accorder de l’importance. Elle n’avait pas réfléchit et avait dit au blondinet qu’elle l’accompagnerait. De tout façon là ou ailleurs… Mais c’était sans compter sur cette fichue cicatrice qui refusait de se fermer correctement. Si au début du périple, le repos qu’ils s’accordaient lui permettait de faire la part des choses, au fur et à mesure du voyage, elle ne pensait plus qu’à une chose : Narbonne. Arriver et rapidement, afin qu’une infection ne vienne pas se loger dans la plaie. Elle était prudente et la tenait toujours propre et sèche, mais voilà le point final qu’avait fait Eusaias sur son ventre avait cédé. Depuis quelques jours maintenant, un peu de sang venait tâcher les tissus qui la couvrait. Elle s’était renseignée et avait prit contact avec un monastère de la ville où un médicastre de bonne réputation exerçait. Elle avait prévu de se retirer quelques jours et avait juste parlé de repos. Nul besoin n’était d’inquiéter ses compagnons de voyage sur ce qu’il en était réellement. Breccan avait du comprendre que tout n’allait pas comme la rouquine le souhaitait et cela depuis son arrivée à Lyon, quand elle lui avait demandé de bien vouloir l’aider à préparer son cheval pour le voyage. Depuis chaque soir c’était lui qui s’acquittait de cette tâche et elle devait avouer que cela l’arrangeait bien.

Le voyage avec Ethan n’avait pas été celui qu’elle s’était imaginée. Tous les deux renfermés sur leur chimère se côtoyaient, se parlaient, mais cela ne ressemblait plus à ce qu’ils avaient partagé depuis le jour où le blondinet l’avait rejoint en Bourbonnais Auvergne pour assurer sa sécurité avec d’autres frères licorneux. Elle se souvenait de ces ballades, ces chevauchées, ces repas partagés. Elle se souvenait de leurs discussions, des sourires échangés, de ce lien qu’ils avaient crée alors qu’ils ne se connaissaient que très peu. Aujourd’hui tout cela aussi avait plus ou moins disparu ou du moins était différent. Avait-elle commis un quelconque acte irréparable à ses yeux? Elle ne savait pas, et pour l’heure à part souffrir de cette distance imposée, elle évitait de rentrer avec lui dans le vif du sujet. Plus elle avançait dans son errance et plus elle découvrait sur la nature des hommes et moins elle arrivait à les comprendre. Etait-ce donc si simple de donner et de reprendre? Etait-ce donc si facile de faire machine arrière et de laisser pour compte ce qui avait été? Trop entière ou utopiste sans doute, elle ne parvenait à détacher ses pensées de tous ces derniers mois. De tous les moments vécus avec les uns ou les autres. Tous les mots. Peut être était-ce ceux là qui avaient fait la différence. Trop dit ou pas assez, mal dit, incompréhension. Vouloir le bien et faire le mal… Etait-ce là la vie, un éternellement recommencement, un puits sans fin où au final on ne savait plus comment se relever et regarder son avenir?

Perdue dans ses pensées aussi sombres les unes que les autres, elle ne fit pas attention que le Chevalier venait de les conduire à destination. Les portes de la ville étaient maintenant devant eux. Ils les passèrent sans aucun souci et se dirigèrent vers ce qui ressemblait à une place. Voilà, l’escorte s’achevait là et elle ne savait pas de quoi serait fait les jours à venir, à part que dans deux jours elle devait se rendre dans ce monastère et qu’elle ne savait pas si elle en ressortirait. ‘Fin si mais comment était sans doute moins sûr. Disparaitre, elle y avait pensé bien des fois depuis les courriers d’abandon de son fiancé, la perte de leur enfant, le retour de l’armée qu’elle dirigeait pour les Ordres Royaux à Bourges et les déceptions des uns et des autres qui ne regardaient que leur nombril sans penser au mal qu’ils pouvaient insuffler dans la vie de ceux à qui ils avaient un jour fait des promesses. Tous sans exceptions, sans connaitre les tenants et les aboutissants ou les plaies laissées béantes par les autres avaient petit à petit éteint cette flamme qu’elle était. Arriveraient-ils à la souffler définitivement? Deux jours à attendre pour partir prendre le repos nécessaire. Deux jours pour se retrouver face à elle-même et se poser les bonnes questions. Deux jours pour peut-être savoir si pour elle il y aurait un demain, un avenir et de quoi elle voulait qu’il soit fait réellement. Deux jours pour décider d’une vie!
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Message  Ewaele Mer 9 Déc - 2:23

[Deux jours plus tard]

Le moment était venu, le monastère l’attendait. Elle avait regardé Breccan et d’un signe de tête lui avait montré simplement la porte de la taverne. Il tenait à l’accompagner jusqu'à cette herse qui se refermerait sur elle, sur sa vie, comme une page que l’on tourne. Et ils étaient là maintenant devant la bâtisse, des regards échangés, peu de mots, cela n’aurait servit à rien de tout façon. Elle laissa tomber son baluchon au sol et vint se caler dans ses bras, prendre le peu de réconfort qu’il pouvait à cette instant lui offrir, pour se donner le courage nécessaire d’affronter encore une fois ses démons. Elle ne regarda pas une seule fois en arrière, s’avança le museau relevé façon Boesnière et fit tinter la cloche pour annoncer son arrivée.

On la conduisit dans une cellule, vide de tout à part d’un lit, d’une bassine et d’un broc d’eau. Rudimentaire. Ses épaules s’affaissèrent et sa main vint se poser sur son ventre, machinalement. Elle déposa ses affaires sur le pied de son lit où une simple couverture était pliée, elle la regarda un instant et son esprit se mit à vagabonder vers celui qui devait se trouver vers un endroit similaire au sien maintenant. L’avait-il réellement abandonnée? Devait-elle définitivement l’oublier et recommencer une nouvelle vie? C’était ses derniers mots… Qu’il ne la méritait pas et qu’elle trouverait sans aucun doute un homme plus présent, plus à même de la rendre heureuse, mais qu’en savait-il? Il était rentré dans sa vie depuis quelque temps maintenant et ils avaient appris à se connaitre, à s’apprécier puis à s’aimer, sans véritablement s’en rendre compte. Il avait su faire tomber de hautes murailles qu’elle s’était construite suite à des désillusions, aux guerres, à ses blessures si profondément ancrées en elle. Il avait été patient, aimant, doux… Mais ô combien absent.

Elle se demandait ce qu’il pouvait bien faire de ses journées, elle n’avait plus de nouvelles, aucunes. Heureusement que d’autres avaient été là pour elle, pour l’aider dans les affres de la vie qui avait causé cette cassure du moins entre eux, si l’on pouvait dire ainsi. Car les sentiments étaient toujours là, mais la culpabilité avait été plus forte et avait séparé sans doute définitivement deux êtres tenant sincèrement l’un à l’autre. Elle se laissa tomber et commença à délasser le bas de son corset afin de regarder la plaie à qui elle devait sa présence en ces lieux. Le médicastre ne serait là que le lendemain matin, il lui faudrait être patiente pour savoir à quelle sauce elle serait mangée cette fois. Elle arrêta son geste dénudant son ventre, glissant sa main sur le tissu qui recouvrait la cicatrice et se laissa tomber sur le lit, les yeux dans le vide. Elle dût s’endormir très certainement ainsi, car plus aucune pensée ne vint lui tarauder l’esprit. Elle se réveilla par un coup qui fut donné à la lourde porte en bois qui la maintenait enfermée dans cette pièce exiguë. Un plateau fut glissé avec un pichet de lait, un morceau de pain et quelques fruits séchés. Elle se redressa sur un coude et observa cette nourriture, finit par se lever et aller ramasser le tout pour le déposer sur le lit… Elle se rendit auprès de la niche creusée dans la pierre où se trouvait le nécessaire pour se rafraichir. Elle vida un peu d’eau dans l’écuelle puis approcha son visage, qu’elle aspergea de ses mains, récupéra une chemise dans ses affaires et laissa glisser son corset au sol prenant soin de tourner le dos à la porte avant de passer ses bras et la tête dans un tissu propre portant inévitablement son odeur de fruit d’été trop mûr et de miel… A un autre moment cela l’aurait réconforté, mais pour l’heure il n’en était rien, elle attendait la venu de cet homme qui devait l’aider à guérir des maux du corps, car pour les autres, personne ne pouvait rien y faire.

La porte grinça annonçant un visiteur, elle sursauta, ailleurs qu’elle était, et se baissa tant bien que mal pour récupérer ses effets qui jonchaient le sol. Elle enfouit tout cela rapidement dans sa besace et regarda l’arrivant. Un bref salut suffit, pas besoin de grandes présentations, il avait déjà reçu quelques courriers de la rouquine et savait à qui il avait à faire et de quoi elle souffrait. Elle délaça sa chemise et ouvrit légèrement ses braies avant de s’allonger et de montrer de quoi il retournait. Il s’approcha et lui fit un sourire qui devait sans doute être rassurant, mais qu’en était-il vraiment pour la jeune femme? Il retira délicatement ce qui l’empêchait encore de voir ce qu’Eusaias avait fait durant une nuit dans un campement entre le Berry et le Bourbonnais Auvergne. L’urgence de son état n’avait pas permis d’attendre. Elle souffrait, ne mangeait plus, avait beaucoup de fièvre, c’était au point où elle aurait pu donner rendez vous à la mort. Si elle avait su à ce moment là ce que deviendrait sa vie, sans nul doute qu’elle aurait pesé un peu plus le poids de cette décision. Perdre l’enfant qu’elle portait en son sein n’avait pas suffit, il fallait en plus que cela s’infecte et pour clôturer le tout qu’elle perde Nico. Elle ferma les yeux et évita ainsi de regarder les traits de l’homme penché sur son ventre. Il eut la délicatesse de la prévenir qu’elle allait souffrir un peu et qu’après cela irait mieux. Apparemment il n’y avait pas de nouvelle infection, juste le dernier point fait par le vassal de Marie-Alice qui avait cédé à force de chevaucher au lieu de se reposer comme tout un chacun avait pu lui conseiller. Mais têtue elle était et cela personne ne pouvait le nier. Elle sentit un liquide froid sur sa peau ce qui la fit frissonner, et avant de faire quoi que ce soit, il serra ses doigts entre les siens de façon fugace. Au premier point elle cria un nom… Il résonna en écho sur les murs de pierre froide de sa cellule, étonnement ce n’était pas celui de son ex-futur mari. Elle en resta elle-même perplexe, ce qui eu l’avantage de lui faire fermer la bouche pour la suite des opérations. Pourquoi était-ce son nom qui avait franchit la barrière de ses lèvres? Peut-être parce que c’est lui qui était à ses côtés depuis maintenant de longs jours. Peut-être parce que la veille, elle avait eu quelques mots avec lui en taverne, peut être aussi… Elle chassa tout cela, sachant que de toute façon, avec son esprit tordu, il ne servait à rien de chercher à comprendre le pourquoi du comment. La douleur la piquait, elle ressentait chaque geste du médicastre et des milliers d’images lui traversaient l’esprit au fur et à mesure qu’elle se sentait persécutée dans ses entrailles… Elle aurait aimé vomir le magma bouillonnant qui lui arrachait les tripes, mais elle avait l’estomac vide et la seule chose qui dédaigna sortir de son être furent des larmes à force de revisiter ses souvenirs si douloureux comme l’aiguille qui lui transperçait la peau sous les doigts agiles d’un homme qui était là pour son bien et qui lui faisait mal!

Finalement elle dut plonger dans un abîme car elle ne se souvenait plus de la fin de ce moment atroce. Elle se voyait ouvrir les yeux, la tête lourde et se sentir faible… Sentir ses lèvres doucement bouger pour appeler celui qu’elle aurait aimé voir à ses côtés à ce moment là, lui tenir la main et la rassurer, mais il ne devait même pas imaginer que c’était vers lui que se tournait toutes ses pensées. Serait-il seulement venu? Elle n’en savait rien et n’avait pas la volonté de se poser autant de questions actuellement. Elle resta alitée ainsi quelques jours, il fallait que ses jambes la portent de nouveau, que les douleurs s’estompent et qu’on veuille bien la libérer de ces hauts murs de pierres. Son soigneur venait la visiter deux fois par jour, et le dernier au matin il l’avait conduit en la tenant pas le coude dans le cloitre afin qu’elle puisse prendre un peu l’air. Il lui avait raconté dans les moindres détails, expliqué ce qu’il avait fait, et lui donna des onguents à passer sur son ventre. Des tisanes à boire en cas de symptômes. Et lui fit promettre de se reposer s’il lui rendait sa liberté dans la soirée. Elle hocha la tête et pour la première fois lui offrit un sourire sans équivoque.

Elle longea les ruelles de Narbonne lentement, prenant son temps. L’ivresse de la liberté faisait un bien fou, elle aurait aimé courir et chercher ceux qui lui avaient tant manqué. Mais on lui avait dit d’être sage, prudente, et elle avait promis. Alors pour une fois, elle prit le temps de flâner, de regarder tout autour d’elle, tenant ses effets serré tout contre sa poitrine. Elle marchait et scrutait l’horizon sur cette mer en perpétuel mouvement, la lune haute dans le ciel éclairait et habillait de sa plus belle robe ce spectacle. Comment oublier les plaisirs simple de la vie, comment ne plus se rendre compte de ce qui nous entoure alors qu’un simple tableau comme celui-là pouvait se décliner de multiples façons et toujours émouvoir les yeux de ceux qui pouvait se rendre compte… Encore une fois ce fut son image qui vint lui caresser l'âme, elle aurait voulu le voir dans un tel paysage à ses côtés et, pour un instant aussi court fut il, s’abandonner au simple plaisir d’être là tous les deux, comme deux enfants qui découvraient un nouveau monde et, émerveillés par ce qu’ils voyaient, laissaient leur main se rencontrer et se serrer l’une dans l’autre… Mais ce n’était pas le cas, alors elle continua à avancer et rentra dans le cœur de la ville, allant en direction d’une taverne où ses compagnons avaient l’habitude de se retrouver. Un infime espoir de le voir lui fit faire des pas un peu plus longs pour essayer d’avancer plus vite mais elle savait déjà qu’il y avait peu de chance. Elle poussa la porte et ne put s’empêcher d’esquisser un sourire en voyant le Gallois présent là, assis à l’attendre comme s’il se doutait. Son compagnon de route, de galère, celui qui depuis qu’elle avait mit un pied en Limousin était devenu son ami. Ils se firent une longue accolade, Yseault aussi était présente et sans savoir pourquoi Ewa était heureuse de la retrouver, cette jeune femme avait su faire sa place dans le cœur de la rouquine. Il y avait aussi Aldraien et de se retrouver au milieu d’eux la rassura et fit envoler le temps de la soirée les mauvais souvenirs de ses derniers jours.

Ils discutèrent un moment, elle prit des nouvelles de ceux qui manquaient et de ce qu’il s’était passé pendant son absence, elle fut affligée d’apprendre que rien n’avait vraiment été comme ils voulaient et que le but du voyage avait volé en éclat. Les retrouvailles tant attendu entre les deux sœurs, la joie d’Ethan de retrouver sa famille de cœur comme il disait n’avait pas été aussi festive que prévu… Mais cela ne la regardait pas, elle pouvait juste être présente pour ses compagnons et tendre une main si nécessaire. Elle dût attendre le lendemain matin pour voir le blondinet. Elle était installée dans une taverne quand il poussa la porte, elle avait prévu d’aller au devant de lui et de l’accueillir à sa façon, mais il avait été plus rapide qu’elle et l’avait rejointe rapidement. Elle ne put que remarquer ses traits tirés, son visage sombre et quelque chose lui emprisonna le cœur de le voir ainsi. Leurs mains se trouvèrent et ils discutèrent longuement tous les deux. Un échange lourd, sombre. Elle l’écoutait, le comprenait, mais souffrait de tout ces mots, de tout ce qu’il disait mais surtout taisait. Elle aurait aimé lui retirer un poids, elle aurait aimé adoucir ses maux mais elle savait que tout cela ne servait à rien. Elle lui promis de rester à ses côtés et de faire ce qu’elle pourrait, elle lui offrit cette main amicale qui lui restait car elle ne voyait pas quoi faire d’autre pour l’heure, à part être présente, là… Juste là. Elle fut soulager quand il la prit et laissa un léger soupir venir caresser la peau de ses lèvres avant que ces dernières viennent caresser la joue du ténébreux.
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